Mustaine avait touché l’excellence, puis serré la main du grand Capital, puis tenté des trucs, puis produit des bouses, maintenant, il tente de toucher de nouveau l’excellence, mais l’époque Peace Sells ou Rust in Peace est déjà pas mal biffée.
Endgame répond au cahier des charges du roux teigneux, on y entend un thrash mélodique faisant la part belle aux solos tout en nous gratifiant de rythmiques impeccables. Mais le génie n’est plus là. Les rythmiques des gros classiques de Megadeth étaient déjà impeccables jadis, mais elles avaient une grosse dose d’énergie en plus. Ici, on décèle des traces de rouille.
Evidemment, la critique du gouvernement est également présente, et c’est avec plaisir qu’on écoute notre guitariste acariâtre dégueuler sa haine du gouvernement américain et ses collègues va-t’en-guerre dans le pont du morceau Endgame.
Les morceaux sont tout de même sympas, on passe un bon moment, et ça démarre sur les chapeaux de roue. Cette partie instrumentaliste qui introduit Dialectic Chaos est géniale, on croirait entendre Into the Lungs of Hell présente sur So Good…So Far…So What. Endgame et Head Crusher se démarquent également par leur qualité, elles possèdent ce supplément d’âme qui les fait sortir du lot.
Le reste, c’est plus classique, assez plat, mais pas nul non plus. Un steak frites de cafétéria. On est content de le manger mais notre digestion du plat n’est pas occultée par les brillants souvenirs que notre expérience gustative nous a procurés.
Pompon du ridicule : The Hardest Part of Letting Go, où Mustaine tente d’être émotionnel avec sa voix d’opossum en décomposition. Comme si ça ne suffisait pas, des claviers rudimentaires et poussifs viennent se greffer au riff banal pour décrocher le palme du gnangnan. C’est vraiment Megadeth ça ?! Affligeant et drôle.
Bon, pas mal toutefois. Quelques écoutes nous permettent de percevoir de la qualité dans les trois morceaux mentionnés plus haut, où l’inventivité et le talent se manifestent par d’habiles ponts qui nous surprennent, une intro géniale (Head Crusher) ou même ce passage, toujours dans Head Crusher, où le braillement de Mustaine est discrètement remplacé par un son de basse possédant la même fréquence, et qui se poursuit lors d’un riff entraînant, bien que déjà entendu mille fois.
Mais bon, ne faisons pas la fine bouche, si on aime le metal, on doit apprécier Endgame, à sa juste valeur.