[...] Mais frasques vocales mis à part, c'est surtout un retour aux source dans une grandiloquence symphonique foisonnante de détails et de subtilités qui clouent. Riche, Endless Forms Most Beautiful l'est assurément, complexe car superposant pistes sur pistes au sein d'un album rempli à ras la gueule pour une durée totale de 78 minutes. Et pourtant pas si difficile à apprivoiser car passé ces moments Onceien, les aspects mélodiques et plus poppy baignant dans les sonorités celtiques, prenant d'autant plus d'importance et d'aboutissement aujourd'hui au détriment d'autres types d'ambiance, remportent la palme et sont certainement les plus représentés de ce nouvel album. Un retour à un Dark Passion Play comme pour rappeler qu'il n'est pas qu'une simple parenthèse à oublier. Pour des moments plus ou moins convaincants, du moins bon via le single « Élan » très moyen et indigne d'être une vitrine au meilleur avec un « My Walden » celte et sautillant ou l'émouvante semi-balade « Our Decades In The Sun ». En passant par la perplexité comme le refrain de « Alpenglow » qui retombe comme un soufflet après un pre-chorus véritablement énorme. Et voilà peut-être où le bât blesse et conduit à une légère amertume : Floor Jansen, formidable chanteuse au registre très large et puissant, se voit sous-exploitée, devant usiter de ses facettes les plus softs alors qu'on la sait pourtant capable de bien plus (on l'entendait notamment pousser des grunts forts convaincants dans Wild Card, le dernier album en date de son autre groupe ReVamp). Alors sans aller dire que Nightwish devrait se recycler dans le death metal, utiliser tout ce talent et potentiel aurait pu amener sa musique à un autre niveau chargé de nouvelles couleurs et composantes.
Une véritable évolution en somme. Mais ce Endless Forms Most Beautiful montre tout ce que j'ai toujours reproché à la bande finlandaise malgré toute mon estime et respect que je lui voue : avoir de vraies couilles. Celles d'y aller franco dans ses évolutions et changements et non dans cette optique digne d'une mijaurée d'amener son truc en trois ou quatre albums alors qu'il pourrait le faire en un. Fait ironique que l'évolution – si j'en parle depuis le début, c'est qu'il y a une raison – représente la principale thématique de ce huitième opus. Et qu'on retrouve pleinement dans son final véritablement gargantuesque dépassant les 24 minutes, « The Greatest Show On Earth ». Bien nommé et surtout vecteur non pas forcément d'évolution mais d'aboutissement. Un climax explosif, tout en progression, d'une théâtralité très Imaginaerum. En voulant dresser à sa sauce l'histoire de la musique, il pose là l'histoire de sa propre carrière, une synthèse magnifique où l'on commence enfin à percevoir le potentiel d'avoir Floor Jansen dans ses rangs pour le futur. Le bon mot de la fin, se posant en même temps comme la meilleure chose que Nightwish ait pu écrire à ce jour, un aboutissement à ce que le groupe a entrepris depuis sa création. Qui donne les larmes aux yeux pour sa beauté et qualité et qui alarme. Mais qu'adviendra-t-il du géant finlandais après être arrivé à un tel niveau de maîtrise ? Comment y palliera-t-il dans le futur ? Car si l'on en suit l'évolution, le pic amène à une régression jusqu'à l'extinction pure et simple. Alors, chers Finlandais, peut-être que le temps est venu de se la faire greffer cette paire de couilles car il serait dommage d'en arriver là alors qu'une simple mue suffirait. Et mon petit doigt me dit que les outils sont présents pour ça, encore faut-il prendre son courage à deux mains et tourner la page franchement afin de pouvoir écrire un nouveau chapitre sur ces pages vierges.
La critique entière figure sur Core And Co, n'hésitez pas à aller y faire un tour !