Le plus dur quand on veut parler – et parler bien – de Blind Digital Citizen, c'est faire le choix des musiques que l'on va mettre en avant. On sait qu'il faudrait commencer par les présenter et dire qui sont ces cinq garçons (dont le batteur est également membre du quatuor Iñigo Montoya!). On sait qu'il faudrait dire d'eux qu'ils sont de la banlieue parisienne (ou de l'espace, comme on aimerait le croire), même s'ils viennent surtout et avant tout de la musique et même d'une chanson française digne d'Alain Bashung, pour ne citer que lui. On sait tout ça. On sait surtout et avant tout qu'il faut vous avertir : Blind Digital Citizen, c'est lourd comme un ciel d'orage.


S'il fallait écrire l'histoire de Blind Digital Citizen, elle commencerait ici avec les premiers dinosaures et finirait là-bas, aux confins de la galaxie, avec les derniers hommes. Aujourd'hui, s'il est communément admis que la littérature de science-fiction française a de beaux jours devant elle, il est ignoré que la musique de science-fiction française a, elle aussi, de l'avenir. En fait, il est même ignoré qu'elle existe. Et pourtant, Blind Digital Citizen est LE groupe français du soixante-huitième siècle. Au moins.


Après la venue au monde d'un premier EP, Le Podium #5, Blind Digital Citizen accouche de l'Enfant Flamme en 2013, deuxième EP dont le titre éponyme est une scansion poétique sur l'innocence prénatale et l'ignorance perdues. S'adressant à l'embryon qui sommeille en vous, cette chanson confirme le talent d'écriture d'un groupe qui n'a rien à envier à personne. Mêlant douceur mélancolique et violence froide, Enfant Flamme – comme Cumbia – est un titre qui met en garde : les musiques et la voix du chanteur de Blind Digital Citizen ont le sens du touché.


En 2015, Premières vies, premier album du groupe, paraît sur le label Entreprise qui produit quelques uns des joyaux avant-gardistes de la « nouvelle scène française » (Grand Blanc, Moodoïd, Bagarre...). Chaque chanson de l'album, space opera musical, est l'étoile d'une constellation – poétique et sauvage, électronique ou psychédélique – où il est question de morts et de renaissances, de désespoirs et de nouveaux espoirs. Toutes ces vies sont à savourer et doivent être prises pour ce qu'elles sont vraiment : un miracle de l'univers musical français.


Le 12 septembre 2016, Mother, dernier titre vaisseau-phare de Blind Digital Citizen, tombe du ciel comme une météorite. « Le meilleur est à venir, l'avenir est ici ! » scandent-ils dans War. Ils auraient bien raison de parler d'eux comme ça. D'ailleurs, je le redis : le meilleur est à venir, l'avenir est ici !

Menulis
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le 14 janv. 2017

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