Every Country’s Sun
6.7
Every Country’s Sun

Album de Mogwai (2017)

Vingt ans de carrière et neuf albums. Dans le post-rock, cela représente tout de même quelque chose. On ne peut donc pas refuser le statut de mastodonte du genre à Mogwai. Ils sont désormais bien installés dans le paysage musical. Chacune de leur sortie ayant droit à sa petite couverture médiatique (sans qu’elle se drape de moyens similaires à ceux d’une bande mainstream toutefois). Une rétrospective en trois CDs est même parue pour fêter leurs deux décennies d’existence. Oui, les Écossais sont bel et bien devenus des vétérans.


Et toutes ces informations sur le temps qui passe ne me font pousser qu’un énorme soupir. Parce qu’on s’en fiche de Mogwai ! Ils sont montés trop vite, trop haut et certainement trop bien dès leurs débuts. Au point que le reste de leur discographie en souffre énormément malgré ses bons moments. Alors la perspective d’écouter une nouvelle œuvre de la part d’une formation en plein déclin n’est pas des plus réjouissantes.


Sauf qu’on assiste au départ d’un de leurs membres fondateurs, le guitariste John Cummings, et au retour d’un de leurs premiers producteurs, Dave Fridmann. Par conséquent, l’emballage de la musique change. Pas la musique en elle-même bien entendu. Il s’agit toujours de ce rock instrumental et atmosphérique que nos gonzes de Glasgow rabâchent depuis des lustres. Mais à défaut d’avoir des changements concrets dans leur manière de composer, on a un nouveau vernis pour donner l’illusion d’un renouvellement, c’est déjà ça.


Si « Coolverine » est un jeu de mots débile qui nous rappelle leur humour pince-sans-rire (souvenez-vous du titre de leur quatrième album), l’humeur est mélancolique comme souvent avec Mogwai. Une ouverture inquiétante car oubliable alors que le groupe met souvent le paquet dans leur entame. Comme un malheur n’arrive pas seul, c’est un morceau représentatif de ce Every Country's Sun. Que ce soit quand ils poussent la chansonnette (« Party in the Dark ») ou font dans l’ambient rock (« Crossing the Road Material »), c’est l’absence de mélodie mémorable qui règne. Ce n’est pas désagréable à écouter, ça non. La musique reste bien produite (quoique, l’abus de saturation en devient laid avec cette surproduction) et facile d’accès. Cependant, on est dans une esthétique new age dont l’objectif est surtout d’offrir une bande-son de détente pour les amateurs de rock plus qu’un disque bien écrit et avec une âme.
En dehors de brefs passages (le joli « aka 47 » et le final qui nous ramène presque aux heures incandescentes de la formation), Every Country's Sun est encore plus creux que le déjà très ennuyeux Rave Tapes. Le rachitisme de leurs capacités mélodiques étant de plus en plus flagrant. Ce qui est un problème qui peut vite survenir lorsqu’on embrasse le minimalisme et qu’on est en perte d’inspiration. Le plus désespérant, c’est que même les moments où le quatuor bastonne (« Battered at a Scramble » et « Old Poisons ») sont à bailler.


Quoiqu’il en soit, Mogwai a l’air d’assumer parfaitement son statut de faiseur de BO. Avec des images, leur musique passe bien. Néanmoins sans, c’est tout de suite beaucoup moins passionnant et cela révèle le vide qu’elle contient. Si leurs fans semblent très bien s’en contenter, je ne peux m’empêcher de trouver ça triste quand on est le groupe qui a écrit autrefois « Like Herod », « Superheroes of BMX » ou « Auto Rock ».


Décidément, on ne peut pas être et avoir été.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
2
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le 17 déc. 2017

Critique lue 393 fois

Seijitsu

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