On a souvent été injuste avec Tears For Fears, un groupe coupable de s'être confronté au désir de perfection, créant ainsi un album magistral mais déshumanisé. The seeds of Love avec ses désirs démiurgiques a surtout englouti un budget démentiel et figé à jamais l'image du groupe dans la case de ceux qui ont la prétention de vouloir égaler les Dieux (en l'occurrence les Beatles). Au final, on en a presque oublié les débuts sensibles et new wave de la paire Roland Orzabal et Curt Smith avec The Hurting en 1983 et tous les titres imparables à mettre au crédit du duo. Orzabal est resté dépositaire du nom, sortant 2 albums décevant, aux airs de gueule de bois. Mais tout le monde aime les fins heureuses et le duo mythique se reforme bel et bien pour proposer une suite, 15 ans après, au chef d'oeuvre The seeds of love. Ce nouvel album a des objectifs plus modestes : finies les collaborations prestigieuses avec les Stewart Copeland, Manu Katché, Pino Palladino..., les deux Tears For Fears font tout eux même (à l'exception de la batterie et de Secret World qui invite un Orchestre). Le duo ne pratique pas la surenchère (il n'en a plus les moyens) et s'arqueboute sur ses acquis et fondements. Les arrangements restent sophistiqués (Orzabal reste ce gars hyper doué, le même qui a réalisé le premier album international d'Emiliana Torrini) et les compositions affirment plus que jamais leur dévotion aux Beatles mais cite aussi les La's (Call me mellow rappelle grandement There she goes) quand ils ne font pas eux-mêmes des clin d'oeil à leurs titres passés. Les Tears For Fears sont malicieux... Leur album reste de bonne qualité (c'est du bel ouvrage pourrait-on dire) avec de bons titres (closest thing to heaven et Ladybird en tête). Mais on en peut s'empêcher de penser que depuis 1989, Radiohead, Notwist et quelques autres sont passés par là et que dès lors la pop toute proprette de TFF a pris un petit coup de vieux...Les auditeurs de RFM ne verront pas où est le problème mais moi, si...

denizor
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le 8 sept. 2015

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