EXIT
6.6
EXIT

Album de Luther (2024)

EXIT but ENTER in a different area for a young talent : L.U

[CHAPOT] Mars dernier, je suis avec ma copine pour aller à une des soirées du média 1863 à Rennes (d’ailleurs gros big up à eux si il passe par là. Notamment puisque Yannis, que je connaissais déjà, performait, mais aussi Yuz et Dau qui à l’époque n’étaient pas passés par cette chère émission “nouvelle école” et par conséquent étaient inconnus de tous. La soirée passe, il se trouve que je prends quand même une grosse claque de leur part, puis étant donné qu’il y’avait aussi théodora et Yung Poor Halo qui avait notamment joué “nom du film” sans so la lune (quel regret encore aujourd'hui j’y pense tout les jours) mais….

Breffffffffffff, ce n’est pas le sujet… Vient la fin de la soirée je disais et ce même jour sort le mini Ep de Luther : AMI.

Voilà vous le connaissez forcément si vous êtes ici. Les amis, quel masterclass ! Tout comme vous j’ai phasé sur “uet” et tout comme vous j’ai encore plus phasé sur “virage”. Qui plus est, il faisait vraiment froid ce soir là, y’avait absolument personne dans les rues, et je sais pas vous mais personnellement j’ai ressenti une émotion différente que d’habitude, sûrement là voyez vous celle qui nous extirpe de la réalité le temps d’un ou de morceau.x, créant l’effet escompté (finalement) d’une musique bref soit. Tout ceci pour vous dire que ce projet là je le réécoute plus que de temps en temps et c’est ce dernier qui m’a vraiment fait comprendre au combien, AU COMBIEN cet artiste ayant à peine la vingtaine avait du talent à exploiter dans un futur proche….

Et nous voilà quasiment 1 an plus tard et drop ce 10 titres (déjà exquis): EXIT (en plus je rimes - ptn prq j’ai pas percé) !

  • [ARTICLE] Tout d’abord, deux teasers paraissent pour promouvoir la sortie de cet EP et furent pour le moins inattendus, soyons clairs. En effet silencieux depuis AMI à savoir durant 8 mois, L.U revient avec l’annonce d’une tournée début novembre dernier pour le printemps 2024. Grosse annonce étant donné que jusqu’alors il n’avait fait qu’un ou deux festivals et 3 ou 4 concerts. Cette nouvelle suscite par conséquent un grand soulèvement de la part de sa communauté. Étant donné qu’en plus, dans un tweet fait l’été dernier il disait ne rien vouloir sortir tant que rien lui plaisait, on sentait alors la mauvaise passe artistique que traversait L.U à ce moment là et au combien le syndrome de “la page blanche” l'atteigné et le névrosé
  • Mais ça c’était avant et s’accompagne de l’annonce de cette tournée un tout nouveau visuel : une éolienne, sur fond coloré, oui vous avez bienlu, COLORÉ ! En effet c’est la première fois que Luther s'associe à un univers bariolé. Habitué au nuance B&W depuis le début de sa discographie, symbole d’un retrait volontaire de sa personne, de ses sentiments, on sent ici et ce, rien qu’au visuel, que ce dernier a fait un pas vers le partage de son identité. De plus, cet univers rompt totalement avec tout ce qui avait été fait précédemment étant donné qu’une couleur pastelle se démarque : le rose. Le rose qui ici, au-delà d'être une simple couleur primaire, témoigne du biais artistique que prend (vraisemblement) son futur projet. Symbole de sentiment, de douceur, d’amour ? Bref “EXIT” n'est pas encore annoncé mais la couleur elle si, et ce n’est pas qu’un jeu de mot quand bien même le décor reste assez flou, une chose est sure L.U sera plus introspectif, développera quelque chose de nouveau...

Et en effet beaucoup de nouveautés s’ensuivent dans le paysage de Luther d’abord un premier single : “ROUGE GORON” s'ensuit un second “MOSSY COBBLESTONE” et enfin le fameux 10 titres une semaine après, dissertons le maintenant…

Faites moi rire m*rde LOL /Mehdi Maïzi [...] Mais Mehdi du rap plaisant c'est aussi quand un artiste fait part de son identité, ne la détourne plus et en ce sens Luther m'a vraiment marqué dans ce projet, plus qu'avant /Sandra Gomez [le Code Review #30]
  • Première clé de lecture: Luther avec son équipe ont apporté un soin particulier à la canalisation d’idée, c’est indéniable. EXIT a été vecteur de concentration artistique pour lui. Une concentration qui fut éreintante, lui le même dit en story instagram à la suite de ses deux concerts au Trianon de Paris, “ce projet m’a éreinté, m'a poussé dans mes retranchements pour je garde une direction artistique pertinente”. Et c’est cette (sur)assiduité au fil de rouge de son projet qui l’a souvent fait douter. En quelque sorte notre jeune L.U (20 ans à peine, rappelons - le - skywalker du rap ou quoi) connu les premiers symptômes du syndrome de la page blanche et visiblement cela l’a beaucoup névrosée comme énoncé précédemment. Mais dorénavant la mélodie orchestre le flux de ses idées pour rester concis, dans le thème, percutant ni plus ni moins.
  • Et quel premier morceau que “Pabo”. 1er track servi en guise d’intro : assez calme au premier abord, il rompt néanmoins avec la dynamique des deux teasers de l’EP. En effet il s’apparente même plus à un passager d’un autre morceau, une sorte d’intro dans l’intro et ce morceau c’est celui qui suit : “rouge goron”. En effet les basses saturées et crachantes par moment rappelle ce fameux morceaux ci. Néanmoins le calme évoqué précédemment sur lequel est impulsé le morceau correspond (nous le développerons plus tard) à la seconde partie du projet.
  • “Pabo” constitue alors la synergie même du projet en général, l'univers bi-dimensionnel dans lequel Luther veut nous emmener. Ces périodes de doute métaphorisées par ces fameuses basses suivit de période plus calme symbolisait par le synthé mélodieux
  • “Mossy Cobblestone” (s/o à nos creepers au passage). Originale certes mais surtout ingénieux sur la forme et le placement. En effet on retrouve à nouveau cette basse, qui devient presque épileptique à force, mais qui appuie sur un des sentiments primordiaux du message de l’ep : le doute.
  • Cette basse qui crache, ce décalage des lyrics avec la prod, cette même prod à cheval entre le binaire et le ternaire symbolise le summum de l’anxiété qu’avait atteint L.U à un certain moment de la conception de son projet. Mélange de hargne, d’incompréhension, de dissuasion… vis à vis d’une industrie toujours plus opaque sur vrais tenants et aboutissants. Un savant cocktail bien abrasif mentalement parlant est alors concentré dans ce morceau ci. Le lierre qui entouré le cœur d’lu, le rongé, l'empêchait d'être en harmonie avec lui pour constituer le projet qu’il souhaitait est comme arraché sur le son des basses pour exorciser ses questionnements viscéraux. Notamment avec la répétition de la punch “est ce que derrière ton sourire il y a quelqu'un”. Lu prend finalement conscience de l’éternelle fausse sympathie des certaines gens qui lui veulent faussement du bien autour de lui...
  • Troisièmement vient la fameuse cassure de l’Ep, celle qui matérialise dans notre esprit la bi sonance, la bi dimensionnalité du message : “T3” et “Journal de quêtes”. Alors bien qu’il est possible de penser que LU loge dans la vallée de l’aoste et précisément à Bovernier quand on sait que Goron est un cépage de cette région ou qu’en fait le mec habite dans zelda et cette remarque n’est pas pertinente mise à part pour votre culture g. Cet exemple lui aussi témoigne de ce double discours apporté au projet. Cette fois-ci les basses saturées ont été remplacées par un synthé plus mélodieux, doux, voire apaisant sur ce fameux morceau “journal de quêtes”. D’une société épileptique, frénétique, (malade finalement ?) décrit dans les 3 premiers tracks avec notamment les strophes “les plus gentils s’est les plus mesquins” ou “gentils se drogue” puis supplanter par le clip comital de mossy cobblestone, le décalage nous fait alors l’effet d’un black out complet, la sensation brutal de se réveiller d’un long cauchemar nous vient alors sur l’ultime punch “est ce que toi ca va bien”. Et c’est ce synthé, enchaînant ci dessus qui permet d’adoucir tout cela. LU perdure sa critique débutée sur “Pabo” mais cette mélodie nouvelle rompt avec le sentiment de désordre et de cafouillage apporté par les premiers morceaux.
  • De plus ce dernier ajoute même une donnée psychédélique, toujours à travers ces synthés, au propos éloignant une bonne fois pour toute (pour l’instant) l’auditeur de la réalité et ainsi accentuer la fictivité de son évasion. En somme le discours reste le même (globalement) mais sa forme est différente comme énoncé au début de ce paragraphe
  • Insistons sur la fictivité du cadre dans lequel on évolue. Puisqu’en effet très vite… Lu retourne dans le vif de sa pulsion, sur les morceaux “SEUIL” et “uSQUAD”. certes la débâcle instrumental est moins remarquable vis à vis des morceaux passés quelques minutes plus tôt. Néanmoins il n’en demeure pas moins percutant pour autant. En effet sur ces deux morceaux ci (très liées par ailleurs - à nouveau, preuve que la tracklist fut mainte et mainte fois revu) ce n’est non plus la prod qui fait l’objet de notre attention première par rapport au lyrics mais bien la voix de LU, ce Luther d’AMI de GARÇON semble délaissé, a évolué en un artiste bien plus introspectif, regardant vis à vis de SA condition actuel, et de suite il développe alors une maturité qu’on ne lui connaissait pas encore. De plus la prod dub step empruntée sur “uSQUAD” (s/o Abel31 et LUCASV pour les travaux - preuve à nouveau que la complémentarité et la répartition des tâches est la clé d’un projet aboutit sur tout les points…) est novatrice dans la discographie d’L.U mise à part le morceau “C LINS” avec 1863 il ne s’était pas vraiment réessayer à ce type de prod. Un type de prod qui permet à L.U d’étayer son propos à travers sa qualité de rappeur, de kickage brut et ainsi atténuer l’effet sopporisant des 2 tracks passés.
  • Finalement ces morceaux ne se révèlent pas transcendant sur le fond et la forme, sont même très expérimentaux sur cette dernière. Notamment si l’on considère que ce côté “expérimental” est redondant sur l’ep. Par exemple au niveau des bpms, “seuil” et “uSquad” forment comme une sorte d'écho à “Mossy Cobblestone” sur la forme. Comme énoncé précédemment, “rouge goron” est comme la suite de “PABO”, “T3” est intrinsèquement lié à “journal de quêtes” ne serait ce que par son placement. Enfin subsiste le morceau" Aled” avec cette prod mi indi mi alternatif rock sur laquelle pose L.U est clôture ainsi quasi parfaitement le projet. Puisqu’en effet au cours des dernières 20 minutes, les sonorités ont balancé entre saturation, apaisement et dub step pour finalement ouvrir dans un univers peu commun au monde du hip hop : l’indie.
Mais nan Tame Impala il a feat avec Luther ? [réaction d'un ami après l'écoute du track "Aled"]

Tout compte fait, à travers “ALED”, au-delà d’être une outro de projet, l’on sent ici la volonté même d’L.U de s’émanciper des codes du rap. A certes vouloir casser des barrières comme il l’a déjà fait mais à aller plus loin encore, non pas inventer un style puisque à ce moment-là, nombreux seraient les rappeurs d’aujourd’hui à être inventeur mais plutôt à être innovant, pour lui et pour l’ensemble de ses potes. A moduler les perspectives de conceptions de prods en fonction d’une idée d’une émotion. A la moduler selon son cœur. Ainsi le type beat classique est délaissé pour être adopté, incorporé dans l’identité même de Luther. “EXIT” est un projet personnel et impulsif dans un sens où ses paroles et ses compos ne forment plus qu’une seule unité à l’écoute. Unité de l’identité intrinsèque de Luther

  • [EDITO] Bien qu’EXIT semble très abouti sur nombre de points, il subsiste tout de même quelques fioritures suite à l'expérimentation même du projet. En effet il est concevable de penser que “Mossy Cobblestone” est “original pour être original” si l’on reprend les termes d'un internaute suite au visionnage du clip. Néanmoins, “EXIT” comme nombre de projets actuels est un projet a réécouter à différentes heures de la journée, différents jours de la semaine, de l’année bref, personnellement rien qu’en 3, 4 écoutes espacées j’ai déjà remarqué de nouvelles choses quasi inaudible la première fois. Par exemple sur “journal de quêtes” on constate une reverb continue des dernières syllabes d’LU très discrètes couplées à une tonalité fourchelang (s/o à no Potters) et c’est lorsque ces distinctions sont faites par l’esprit (petit à petit bien sur) que le, les morceau.x d’EXIT peuvent COMMENCER à être vraiment appréciables et appréciés.
  • Ce à quoi il est bon de rappeler que comme Picasso peignait Guernica il y’a 50 ans (tableau à première vue chaotique, sans queu ni tête artistique) ce dernier savait déjà peindre harmonieusement pour réaliser de telles choses ET DONC faire apprécier de tel chose à de même gens s'étant cultivés. En somme, “connaitre ses classiques, ça a du bon”;)
  • Au même titre Luther en créant “MOSSY COBBLESTONE” entraîne volontairement son auditeur dans un univers qui va le brusquer, le heurter et c’est en ce sens que l’expérimentation du projet prend tout son sens
  • D’autre part, léger bémol tout de même à noter sur le morceau “LOOK” bien qu’il n’en demeure pas moins bon techniquement parlant, sa légitimité de placement dans la D.A globale, elle, néanmoins est controversable. En effet il n’est pas moins dispensable mais sonne à la manière de “Pabo”, (qui pour, lui fut le but de son propos) passager. Passager clandestin, n’apportant pas plus que ce qui fut déjà écouté précédemment. Pour étayer cela, il aurait était par exemple plus judicieux de le placer comme single à part entière ou le placer autrement dans la tracklist, avant “Château fort” par exemple qui lui vient calmer l'effervescence de “uSQUAD” et “SEUIL” et ainsi la D.A générale aurait était plus respectée d’un point de vu harmonique des termes

Pour conclure, “EXIT” est loin d’être un classique de la discographie de Luther. Il est aussi loin d’être un des albums de l’année (rappelons que nous ne sommes qu’en Mars). Néanmoins il est garant d'une chose certaine : qu’un jeune rappeur de 20 ans sort DÉJÀ de sa zone de confort et c’est… plus que notable

En effet il est incontestable de dire au combien la recherche artistique sur “EXIT” par L.U et son équipe, fut pointilleuse. En effet ils auraient pu se contenter de sampler un ou 2 classique, puis faire un morceau jersey, un autre émo-trip. Mais cette recherche ci fait alors que la tracklist proposée diffère comme beaucoup d’autres projets de la fameuse “new wave” en ce moment, de projets plus classiques, assez redondant sur la forme. Finalement pour reprendre les propos du punchologue dans sa dernière vidéo sur la carrière de Josman, “les cultures hip hop diverses (par là j’entends, maghrébines, américaines, françaises…) imbibées et affinées chez un rappeur, fait que ce dernier peut proposer non plus de simples morceaux bien écrit et bien râpé mais de vrais morceaux hybrides entremêlant hip hop et jazz, hip hop et electro” ou bien même hip hop et variété comme l’a fait excellemment bien Zamdane dernièrement sur son projet “Solsad” avec des morceaux comme “le grand cirque” sublimée par la voix de Pomme, bref.

C’est un effort que de maturer son propos par la culture et le piochage dans d’autres univers mais qui apporte ce sucré salé, cette hybridation musicale délicieuse puisque bourrée de saveur, quand elle est dégustée par nos oreilles

Marceauuu
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le 11 mars 2024

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