McCoy Tyner – Extensions – (1972)
Un bel album de la période Blue Note De McCoy Tyner, souvent salué pour sa facilité d’accès, après le plus tortueux « Expansions » enregistré en août soixante-huit, où se remarquent déjà Wayne Shorter aux saxophones ténor et soprano, Gary Bartz au saxophone alto et Ron carter qui joue ici de la contrebasse, non plus du violoncelle.
Quelques musiciens reconduits mais aussi d’autres renforts remarquables, comme Alice Coltrane à la harpe, celle qui remplaça McCoy dans la formation de John Coltrane. Une autre montagne contournée, Elvin Jones, que l’on retrouve ici à la batterie, de quoi donner à cet album des parfums de légende, tous réunis autour de quatre compositions de McCoy, remarquable comme toujours au piano, et aux compos.
La pochette, très belle, suggère des accents d’Afrique, destination qui sera également objet de l’album suivant « Sahara, cette fois-ci sur Milestone. Autant d’albums quasi essentiels, dont l’écoute est fortement recommandée. Il est vrai que celui-ci jouit d’un petit « plus » encore, par la présence d’Alice qui joue sur trois des quatre pièces ici, apportant dans les cordes de sa harpe, des senteurs orientales, mais aussi un peu de l’histoire de Coltrane, de son esprit et de sa présence.
Ce dernier surgit également dans le jeu de McCoy, marqué aux accents inimitables qu’il apporta au quartet idéal, qui resteront à jamais une forte marque de la coltranitude. Et si on ajoute encore un peu d’émotion, avec la participation d’Elvin Jones, dont le jeu est monstrueux, toujours aussi puissant, plein, riche d’une extraordinaire force de pulsion, propre à enflammer les passions…
Les quatre pièces sont magnifiques, « Message From The Nile » la pièce d’ouverture, nous plonge en immersion dans ce jazz sublime que l’on qualifie de modal, « spiritual music », ou encore de musique universelle, au choix… On remarque la grande liberté dans le jeu de Wayne Shorter, excellentissime, qui semble vouloir s’extraire de cette glue coltranienne, pour tracer sa propre route et choisir sa destination.
Alice aussi s’associe à cette aventure mystique, particulièrement sur la dernière pièce, « His Blessings » qui semble vouée aux esprits, à la beauté du matin, à l’éveil de la nature, vers la vie qui arrive et se renouvelle sans cesse, comme un flux inextinguible… Cette pièce qui semble improvisée, pour une grande part, conclut l’album de façon positive.