Attendant toujours avec impatience chaque nouveau projet conduit par Daniel Pemberton, quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’appris que l’un d’eux concernait le dernier film à date de Michael Mann, cinéaste que je considère comme le plus grand que le monde du septième art n’ait jamais porté. Cette année, ces deux talents se rencontrent donc pour la première fois à l’écran sur FERRARI, biopic consacré au célèbre constructeur automobile italien.
A la première écoute, ce score se situe dans la droite lignée de ceux composés pour les films récents de Michael Mann ; une musique épurée, à la mélancolie retenue, subtilement tragique, épousant les mouvements intérieurs et les pulsations du personnage principal. Connaissant l’exigence du réalisateur, capable de rejeter tout ou partie d’une proposition musicale pour la remplacer par des pièces préexistantes, FERRARI n’est sans doute pas la bande-son sur laquelle Pemberton a pu librement s’exprimer et expérimenter. Le poids du temp track ("musique temporaire" en bon français) se ressent par ailleurs à différent degré sur l’ensemble de cette partition (Rome Checkpoint, 1957 Mille Miglia est un quasi décalque de deux morceaux composés par Henry Jackman pour le CAPTAIN PHILLIPS de Paul Greengrass). On y retrouve également, par instant, des accents du PUBLIC ENEMIES d’Elliot Goldenthal, particulièrement remarquable dans l’écriture des cuivres. Enfin, la contralto Lisa Gerrard, dont on avait pu précédemment apprécier la tessiture chez Mann sur l’excellent REVELATIONS, nous fait également l’honneur de sa présence – discrète - sur une courte poignée de morceaux (Castelvetro, The Scapegoat).
Il n'y a donc rien de véritablement neuf sous le capot de la bande originale de FERRARI. Néanmoins, Daniel Pemberton fait une nouvelle fois la démonstration de sa rigueur, et livre une partition propre et très agréable à écouter.