Je ne sais pas encore totalement quoi penser de Les Carnets du sous-sol, mais une chose est certaine, il m’a touché, profondément, d’une manière presque embarrassante.

C’est le genre de livre qu’on ne ferme pas une fois terminé, on le garde ouvert quelque part en soi, dans un coin d’ombre, là où on préfère d’habitude ne pas trop aller traîner. Puisqu'il semble être un amas de plusieurs idées médités par l'auteur, qui va alors nous inviter à méditer à notre tour.


Cette version audio, n'est peut être pas la meilleure porte d'entrée.

La lecture n'est pas mauvaise, mais elle n'est pas toujours optimale et on peut entendre, sur la fin, quelques pages qui se tournent... Dans un sens ce n'est pas grave et ça me donnera une excuse pour une relecture papier.

Rentrons dans le vis du sujet, de cette première lecture...


Ce n’est pas tant une histoire qu’on lit, qu’un esprit qu’on subit.

Et quel esprit! Le narrateur "cet homme du sous-sol?" n’est ni un héros, ni un antihéros.

C’est une fissure. Un miroir brisé.

Il est rageur, méchant, intellectuel, impuissant, d’une lucidité glaçante et d’un sabotage constant. à chaque page, j’ai ressenti ce malaise, comme celui de me reconnaître, même fugacement, dans certains de ses gestes mentaux. Dans cette manière de se repasser les scènes mille fois, de ruminer, de se saboter tout en rêvant d’un idéal inatteignable.

J’ai vu en lui quelque chose de profondément humain, même si c’est ce qu’on a souvent de plus laid ou de plus nu en nous.


C’est un livre qui fait mal parce qu’il gratte là où ça saigne déjà. Ce n’est pas une lecture agréable, c’est une expérience de mise à nu, de confrontation. Le style est brut, erratique, presque agressif. Il n’y a pas d’histoire lissée, pas de catharsis apaisante. Juste un homme seul avec ses pensées, son vide, et ce besoin compulsif d’exister à travers une logorrhée de paradoxes.

C’est précisément ce que je trouve fascinant, avec cette hyperlucidité impuissante. Il comprend tout. Il sait pourquoi il agit mal. Il devine les mécanismes, les blessures, les conséquences. Mais il les répète quand même. Parce que c’est ce qu’il est et parce que c’est ce qu’il a.

Encore là, ça peu carrément résonner en nous. Combien de fois rejoue-t-on les mêmes comportements en connaissance de cause ?

Combien de fois s’enfonce-t-on, non pas malgré la douleur, mais parce qu’elle est familière ?


Je comprends totalement qu’on puisse détester ce livre. Il est étouffant, cyclique, énervant. Certains le trouvent geignard, confus, répétitif. Mais à mes yeux, ce n’est pas un défaut de structure, non, c’est un choix, une forme de vérité littéraire. Parce que l’esprit humain ne pense pas en ligne droite. Il tourne, il bégaye, il revient sur ses blessures comme un animal sur une cicatrice. Les Carnets du sous-sol, c’est la littérature de ce retour-là, de ce tourment en boucle. C’est Dostoïevski qui ose écrire ce qu’on pense tous un jour, mais qu’on n’ose jamais vraiment formuler.

Plus encore, ce livre m’a donné envie de lire le reste. On sent dans chaque page les prémices des grandes œuvres à venir, Crime et Châtiment, L’Idiot, Les Démons. Comme si Les Carnets étaient la faille originelle, le moment où l’auteur a creusé plus profondément que les autres dans la glaise humaine. Ce n’est pas une œuvre aboutie, c’est une brèche. Un laboratoire de douleurs. Et ça suffit à en faire un texte marquant.


Je ne peux pas dire que je l’ai aimé comme on aime une belle histoire. Mais il m’a secoué et j'y retournerai bien volontier. Pas pour en tirer du plaisir, mais repartir avec ces belles phrases et ces noires réflexions, comme on revient dans un rêve étrange qui nous a laissé une impression indélébile. Ce n’est pas un livre pour tout le monde, ni un livre à recommander à la légère. Certainement un texte qu’on n’oublie pas.


KumaCreep
8
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le 5 juil. 2025

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KumaCreep

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