Evan Parker ElectroAcoustic Ensemble With Sainkho Namtchylak – Fixing The Fluctuating Idea – (2021, Inédit)


Cette parution de deux mille vingt et un provient d’un concert beaucoup plus ancien, donné au Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville au Canada, le dix-neuf mai quatre-vingt-seize. Deux titres sont joués, le premier « Fixing » de près de quarante minutes et le second « Fluctuating » de trente-deux minutes trente-trois, tout se tient, bien serré sur un Cd.


L’ElectroAcoustic Ensemble s’est formé quatre années auparavant, il est mené par Evan Parker aux saxs soprano et ténor, Phil Wachsmann aux violons, alto et électronique, Walter Prati également à l’électro, Marco Vecchi à l’électro et au traitement du son. Barry Guy est à la basse, Paul Lytton aux percus et à l’électro, l’invitée du jour est la vocaliste Sainkho Namtchylak.


Elle est originaire de Tuva, un territoire autonome de la République de Russie, situé au nord de la Mongolie. Son chant est une synthèse hybride d’influences croisées, issue du brassage de cultures propre à cette région. Sur cet album son chant est décisif, il est très expérimental, puissant et typé. Peut-être ne plaira-t-il pas d’emblée, c’est selon, mais il est très expressif, provenant de l’intérieur de l’être, embarquant passions, cris et plaintes, sans compromission. A lui seul il peut vous faire aimer ou détester cet album. Elle pourrait se situer, à titre indicatif, entre Yoko Ono et Björk.


« Fixing » est donc une improvisation parfois un peu tendue, mais habituellement assez calme, bien que discordante entre la voix quand elle surgit du magma, et les ondes électroniques souvent tordues, comme un gargouillis parfois informe, ou au contraire ascétique et minimal. Les instruments plus usuels, percus, basse, sax ou violon apportent une certaine chaleur dans le traitement du son.


La seconde pièce « Fluctuating » contient elle aussi des parties et une trame qui organise un peu l’avancée sonore. Sainkho ne fait plus partie de l’ensemble et la pièce s’organise de façon instrumentale, intégrant des silences ou des avancées à faible densité sonore. Il y a des passages percussifs, ou plus précisément des successions rapides d’ajouts sonores extrêmement brefs mais continus, introduisant petit à petit, une certaine force et une belle densité.


L’album est donc sans compromission, voué à l’improvisation totale, à la folie du temps qui passe, les pieds dans l’avant-garde et la tête dans les nuages, de quoi vous donner le tournis et vous plonger dans un espace/temps peu commun, soixante-douze minutes inhabituelles et déstabilisantes dans votre vie, de quoi remettre en question les habitudes et le train-train du quotidien…

xeres
10
Écrit par

Créée

le 13 juil. 2025

Critique lue 1 fois

xeres

Écrit par

Critique lue 1 fois

Du même critique

Lanquidity
xeres
10

Un voyage dans le "Space-Jazz-Rock"...

Plus que tout autre, Sun Ra est une bibliothèque, il a parcouru, lu et écrit l'histoire du jazz, de l’intérieur, il a vécu les évolutions et participé aux révolutions. Membre actif de cette longue...

le 28 févr. 2016

27 j'aime

10

Bitches Brew
xeres
10

Critique de Bitches Brew par xeres

Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté de la pochette créée par Mati Klarwein. On la devine symbolique, plus particulièrement quand elle s’offre déployée, pochette gatefold ouverte. On...

le 5 mars 2016

27 j'aime

9

Both Directions at Once: The Lost Album
xeres
10

Critique de Both Directions at Once: The Lost Album par xeres

« Il » est arrivé ce matin, bien protégé, sous cellophane, belle pochette avec deux triangles découpés laissant apercevoir la sous-pochette… Le vinyle avec le prestigieux macaron « Impulse »,...

le 2 juil. 2018

24 j'aime

7