Je sais pas trop pourquoi, c'est peut-être la même chose pour vous, mais j'adapte souvent mes choix musicaux par rapport à la saison. En Été j'écoute beaucoup de vieux Rock 60s qui rappelle la guerre au Vietnam, ça suinte la chaleur et la transpi, il y a du choix entre Hendrix et Creedence. Et en Hiver, bah il me faut quelque chose de froid et d'éventuellement synthétique, du coup c'est la fête des goths (la fête oui, les gothiques c'est discutable).
Et dans le genre il y a un groupe qui sort du lot, un qui me parle plus que les autres, un qui me touche particulièrement et qui me donnerait presque envie de monter un groupe. Il n'y a absolument aucune surprise parce que vous savez lire, je parle bien entendu des Sisters Of Mercy.


Je parle de groupe mais en réalité dans l'album ici présent, Floodland, il ne reste plus personne mis à part Andrew Eldritch et son nom de scène qui pète la classe.
Alors que Jim Steinman (oui oui le monsieur de Meat Loaf) devait produire une reprise de Gimme Gimme Gimme (oui oui la chanson d'Abba), Andrew et sa bande finissent par se séparer. Exit Wayne Hussey et Craig Adams qui partiront former The Mission, autre pilier du genre gothique. A la place Eldritch embarque donc Patricia Morrison avec qui il bossait sur le projet The Sisterhood.
Ce groupe sera un fiasco, tant pis les Sisters Of Mercy renaissent dans une version quasi groupe solo selon son leader. Il écrit tout, joue de quasiment tous les instruments et en produit la majeure partie. Même si finalement Steinman se libère pour donner un petit coup de main mais c'est surtout son collègue Larry Alexander qui fait le gros du boulot.


Parlons d'une chose que j'adore avant même de rentrer dans le gros du sujet. J'adore cette pochette, certes peut-être un poil kitsch. Le tout en noir et blanc, mais surtout en noir. Andrew Eldritch prend toute la place avec ses grosses lunettes noires, Patricia quand à elle parait presque effacée (comme si c'était un message caché parce qu'elle ne fait rien en réalité). La lune est pleine, la marée est haute...serait-ce une inondation ? Clin d’œil clin d’œil, regardez plutôt le titre de l'album.


On commence fort, Dominion / Mother Russia, double chanson, double plaisir. Second single de l'album et produite par Steinman lui-même. C'est un pur bonheur rien que pour son solo de saxophone, même si je suppose que c'est juste du synthé. Mais cette boite à rythme, galopante tels les chevaux du clip. Clip très cool qui plus est, avec son ambiance à la Indiana Jones et la Dernière Croisade, mais avec des gothiques vêtus de blanc (ça change tiens !). Les paroles sont inspirées à la fois par Tchernobyl et Ozymandias de Percy Shelley, ce sera d'ailleurs le titre de la face B qui n'est qu'un remix à l'envers de la même chanson. C'est aussi un pamphlet anti-américain, Eldritch est anglais après tout, pour être précis et je cite il parle de « la prostitution de l'Europe par les américains ».
Le tout s’enchaîne en fondu sur Flood I. Les lourdes percussions de cinq mètres de haut, ainsi que la basse synthétique et les claviers stylisés vieil orgue apportent une sonorité assez austère. Mais pourtant cette inondation c'est juste une histoire de cul, rien d'autre.
Lucretia, My Reflection est le troisième et dernier single et quel single bon sang de bois ! Je crois que c'est la meilleure ligne de basse de tous les temps...bon non pas vraiment, c'est assez simple mais elle prend toute la place. A ce niveau ce n'est même plus une ligne mais carrément la mélodie. Faisant à la fois référence à Patricia Morrison et Lucrezia Borgia, il s'agit selon moi de la deuxième meilleure chanson de tout l'album (à égalité avec Dominion).
Il est presque étonnant d'avoir 1959 juste après. Un piano et la voix de son chanteur, c'est tout, rien de plus rien de moins. D'ailleurs j'ai pas encore parlé de sa façon de chanter, entre Iggy Pop et David Bowie. Alors certes il ne chante pas toujours très juste mais ça fait son charme et ça colle toujours aux sentiments qu'il veut faire passer et au style du groupe.
Attention les oreilles, voici This Corrosion ! Premier single mais surtout plus gros succès de toute leur carrière. Merci Jim Steinman et ta tonne de choristes, purée que c'est entêtant ! En fait mon seul problème...même si elle dure presque dix minutes c'est trop court pour moi, en général je l'écoute deux fois de suite tellement je l'adore. Et c'est assez marrant en fait, parce qu'Andrew se moque de son ancien collègue et de sa façon d'écrire, ça n'a aucun réel sens et bourré de clichés, tant que ça sonne bien c'est plus le important. Mais ouais c'est vrai que ça ressemble à certains titres de The Mission. J'ai lu une critique du Rolling Stone magazine, qui date de l'époque, où il critique l'album en le comparant à Meat Loaf rejoignant The Cure pour faire un remake de Berlin (de Lou Reed), dans le présent je peux le voir.
Flood II fait comme la première, son enchaînement par un fondu et ça parle de cul. La batterie galopante est de retour et ça change d'entendre une guitare acoustique. J'ai pas grand chose à ajouter réellement, c'est du tout bon c'est tout.
Driven Like The Snow sert de suite à Nine While Nine présente sur l'album précédent. Pleine de basse et de batterie galopante, son chanteur essaye d'expliquer sa séparation. C'est à nouveau une très bonne chanson, même si c'est celle que j'oublie le plus.
Never Land n'est malheureusement pas complète, ce n'est qu'un fragment et c'est dommage vu cette foutue basse géniale et la batterie de cinq mètres de haut. Mais heureusement la version entière est aujourd'hui accessible sur certaines éditions du CD. On y parle pas de Peter Pan mais d'une longue quête spirituelle, pour au final ne trouver qu'une éternité pleine de vide.
Normalement l'album s'arrête ici, du moins dans sa version originale en vinyle.
La version récente sur CD continue avec Torch. On y garde la même batterie que sur la piste précédente, on change la ligne de basse pour une autre tout aussi bonne et on ajoute une guitare acoustique. Une autre réussite évidente selon moi.
Colours quant à elle me rappelle légèrement Flood I, en un poil plus lente et sinistre. Ces deux chansons sont en réalité des faces B de This Corrosion, c'est dommage de ne pas les avoir sur l'album de base.
Et puis il y a Emma, une étrange reprise d'Hot Chocolate. Oui oui, le groupe de You Sexy Thing ou Every 1's A Winner ! C'est vraiment très étrange à dire comme ça, mais en réalité ça fonctionne. D'une part à cause des paroles pas spécialement joyeuses de la version originale. Mais surtout parce que le groupe l'a adapter à son style en ralentissant le tout, mais en gardant la même mélodie.
J'ai deux chansons de plus, enfin trois pistes dont je voulais parler un tout petit peu. Vous en voulez plus, bah y'en a encore !
D'abord Untitled et Sandstorm, qui ne sont en fait que des bouts et des passages remixés de Dominion, me second titre servira d'ailleurs d'introduction à son clip vidéo. Le tout juste pour mettre en avant le saxophone...ET MERDE J'EN VEUX PLUS ! On dirait presque du Blade Runner, c'est trop court et j'espère qu'il y a plus de chansons gothiques avec du sax.
Il ne reste donc plus que Long Train, face B de Lucretia. Les paroles y font référence justement, c'est aussi étonnamment dansant.


Voilà c'est bon y'en a plus, enfin je crois.
J'avais beaucoup à dire mais en même temps c'est un album assez riche et complet. Et c'est pas pour rien qu'il est actuellement dans mon Top de mes albums préférés.
C'est toujours triste de voir qu'un album aussi apprécié aujourd'hui a été aussi critiqué à sa sortie. De toutes façons c'est à croire que les critiques pro n'y connaissent rien, ou juste qu'ils aiment taper pour taper...enfin j'en sais rien et on s'en fout un peu en vrai. Ce qui importe ce sont les fans, ceux qui adulent le groupe, ceux qui vont acheter les albums, ceux qui vont se déplacer pour aller les voir en concert. Et dans le cas présent, Floodland a bien marché en particulier en Allemagne et au Royaume-Uni. En un an il avait récupéré ses coûts élevés de production, il deviendra de ce fait le plus gros succès de tout le groupe. Et de nos jours il est considéré comme un indispensable du genre.

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le 24 janv. 2022

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Hairy_Cornflake

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