Du plus bel album du Dylan de la "résurrection", comme la presse musicale aime tant l'appeler, on retiendra ses moments "au-delà", ceux qui appartiennent à la peur de la maladie, de la mort, de la panne sèche d'inspiration. Ses ballades introspectives finalement, dont un Not Dark Yet en forme de sommet, bouleversant, terminal. Dylan pouvait s'en aller après ça s'il en avait envie ou s'il n'avait pas trop le choix. Le destin en a voulu autrement et la suite, on la connait.
On découvrira ici une quantité importante de versions alternatives de morceaux de l'album ou enregistrés à cette période où Dylan régnait de nouveau au sommet. Comme ce Mississippi qui paraîtra sur le prochain, ou ce Can't Wait non retenu et pourtant génial. La sensation de remplissage a souvent tendance à pointer le bout de son nez même si la qualité est telle que l'ensemble aurait pu figurer sur un disque officiel. Constat aussi sans appel, toutes les versions des morceaux officiels de Time Out Of Mind sont supérieures, Dylan avait du flaire en dépit de la production de Lanois qu'il finit par ne plus approuver et qui se voit ici clairement estompée au profit d'un remix qui s'avère la pièce maîtresse de cette dix-septième entrée des Bootleg Series : moins "spectrale", moins proche de l'au-delà (ou des Portes du Paradis), Dylan étant bel et bien vivant, donnant une toute nouvelle clarté et permettant d'écouter la prose d'un Dylan aussi sérieux qu'il peut être joueur.
Bien moins sympathiques néanmoins, ces morceaux live qu'on croirait enregistrés à l'aide de magnétophones planqués dans la fosse et qui ne rendent pas justice à la qualité des réinterprétations du band d'alors. C'était sûrement le gros du paquet, malheureusement personne ne les réécoutera. Qu'importe, on ne refuse jamais des canapés apportés sur un joli plateau, même si on y a déjà goûté plus d'une fois.