Freudiana
7.9
Freudiana

Album de Eric Woolfson et Alan Parsons (1990)

On ne sait jamais vraiment si on doit compter cet album comme l'ultime disque du Alan Parsons Project. En effet, il n'est fait aucune mention du groupe sur le disque mais on a inscrit le nom sur le clip de la chanson "Freudiana". Alors quoi ?
Dans les faits, ce n'est pas un album du Project mais plutôt le premier album solo d'Eric Woolfson accompagné par de nombreux routards de APP. Ainsi, Alan Parsons est l'ingénieur du son et compose même un instrumental, Chris Rainbow et John Miles sont au chant sur 2 titres, Ian Bairnson est à la guitare et Andrew Powell aux arrangements, etc.... On comprend donc mieux pourquoi le doute planait. D'autant plus qu'il s'agit d'un concept-album, ce dont le Project était coutumier. Pourtant, au final, il s'agit bien d'une comédie musicale.


En effet, l'album se base sur la vie et les travaux de Sigmund Freud. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une complète réussite pour ce disque mêlant du rock, du prog, de la pop ou encore un peu de wave (entre autres).
"Freudiana" démarre sur les chapeaux de roue avec un puissant instrumental, "The nirvana principle" emplit de symphonisme. Celui-ci sert avant tout à introduire la chanson titre magistralement interprétée par Eric Woolfson. Démarrant par des sonorités venues de la jungle (censées représenter la jungle de notre inconscient), elle démarre réellement après l'introduction des percussions et l’installation d'une ambiance à la fois planante et dérangeante. Le tout est servit par un refrain percutant et un final dantesque à la guitare.

On change alors de registre avec "I am a mirror", chanson plus pop formidablement bien interprétée par Léo Sayer et bonifiée par la partie centrale au violon. "Little Hans" chanté par Graham Dye, est quant à elle, une chanson très Beatles rappelant que le disque est tout de même une comédie musicale. "Dora" en revanche est un pur régal aux sonorités apaisantes et harmonieuses encore une fois chanté par Eric Woolfson.
Les Flying Pickets sont présents sur 2 morceaux: "Funny you should say that", qui est une chanson à tendance plutôt comique avec ses bruitages tirés de cartoons et la multiplicité des voix et des intonations, ce qui ne l'empêche pourtant pas de se parer d'un refrain tonitruant et d'une réalisation de qualité. Le second morceau est "Far away from home", qui joue plus sur le registre de la ballade. Le piano, les instruments à vent, un jeu de guitare très léger ainsi que l'harmonisation des voix offrent un ensemble touchant.
"You're on your own" est une chanson éminemment rock chantée par Kiki Dee (l'interprète en duo de "Don't go breaking my heart" avec Elton John). La chanteuse met tout son cœur à l'ouvrage, délivrant un titre de qualité au refrain entêtant et au superbe jeu de guitare électrique.
Eric Woolfson revient au chant sur "Let yourself go", formidablement reposant et planant, même si l'on tient compte des passages orchestraux un peu plus mordants. Le morceau qui suit fait alors office de coupure puisqu'il s'agit de l'instrumental "Beyond the pleasure", composé par Alan Parsons. On sent de nouveau toute la patte du Project dans cette composition au rythme de base répétitif, auquel s'adjoignent de nouvelles rythmiques selon les instruments introduit.


Après ça, "The ring" sonne le second départ de cet album. De nouveau, on a ici affaire à une chanson teintée de rock interprétée par Eric Stewart, le chanteur de 10CC. C'est à la fois sophistiqué et énergique. Ce qui est aux antipodes du morceau suivant "Sects therapy", aux sonorités foraines et à l'interprétation volontairement surjouée par Frankie Howerd, acteur britannique ayant joué dans l'adaptation cinématographique de "Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band" des Beatles. C'est un morceau jouant la carte de l'humour, censé représenter la figure scientifique face à la psychanalyse. "No One Can Love You Better Than Me" en revanche est une très belle chanson à 4 voix traitant des figures du père, de la mère, du fils et de la fille.
Par la suite, "Don't Let the Moment Pass" est une nouvelle ballade plutôt lyrique et orchestrale parfaitement chantée par Marti Webb tandis que "Upper me" est un nouveau morceau à tendance rock, d'une certaine manière assez semblable à "The ring" et interprété également par Eric Stewart. Le titre suivant est un nouveau "Freudiana" mais instrumental ce coup-ci, superbement réorchestré et annonçant la fin de l'album.
En effet, "Destiny" est un court morceau de moins d'une minute, chanté par Chris Rainbow et quasi à cappella, l'écho sur sa voix rend cette interprétation plutôt mélancolique. Enfin John Miles vient clôturer l'album avec "There But for the Grace of God", un superbe morceau très émouvant et à l'orchestration poignante.


En définitif, l'ensemble de l'album est très bon, l'enchainement des chansons offre une cohérence musicale de qualité (normal pour une comédie musicale) et la multiplicité des interprètes offre un plus indéniable. Il s'agit d'un album assez peu connu, ce qui est fort dommage car il contient plusieurs pépites qui méritent d'être mises en avant. A noter d'ailleurs qu'il existe également une version chantée en allemand nommée "Black album".
Bref, un must devenu difficile à trouver qui s'inscrit dans la continuité du Project.


Edit : depuis la rédaction de cette critique, j'ai créé un podcast traitant de divers artistes et albums et je suis revenu plus en détail sur celui-ci dans l'un des épisodes. Si cela vous intéresse, c'est par là : https://tas-entendu-ca.lepodcast.fr/episode-10-freudiana-freudiana

TheNetoFox
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le 6 oct. 2014

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