Funeral
7.7
Funeral

Album de Arcade Fire (2004)

Quand on est membre de sens critique, et qu'on a l'intention de se lancer dans la rédaction de critiques, il y a un passage obligé, auquel peu d'entre nous échappent. Il s'agit de l'écriture d'un article, que dis-je, d'une lettre d'amour à son oeuvre préférée, ne serait-ce que dans son univers de prédilection. Or quand vient mon tour de parler de mon album fétiche je me vois dans l’embarras.


Dans l'embarras car cet album possède déjà 24 critiques, pour la plupart positives, car 292 clampins lui ont attribué la même note que moi, à savoir la meilleure possible (on m'a pas laissé mettre 12), tandis que seuls 40 des 2000 visiteurs passés par là ont osé lui mettre moins de la moyenne, et car 171 avant moi l'ont placé dans leur top 10 personnel. Ce nombre doit sans doute rester important même en ne comptant que ceux qui l'ont placé sur la première marche, puisque le disque se retrouve numéro 25 du top des top 10. Et ça, c'est juste sur ce site, mais la presse professionnelle est tout autant dithyrambique.


Mon souci, dans ce cas, sera donc d'être original. L'emphase a déjà été employée mille fois pour parler de cette rondelle. Même nommer cette critique par un morceau des paroles du titre phare, c'est déjà vu. "Every time you close your eyes" et "Lies ! Lies !" étant déjà pris, j'ai du me rabattre sur un autre bout de phrase, moins fascinant par son sens que par la passion avec laquelle il est prononcée, sur un fond musical qu'on ne pourrait qualifier d'orgasmique sous peine d'euphémisme.


De plus, je ne vais pas pouvoir vous parler en grand de détail des qualités musicales de l'instrumentation pour une raison simple : je n'ai jamais fait de solfège, je ne sais reconnaître aucune note, aucune structure particulière de mélodie, aucun rythme, je fais des scores de merde à Just Dance et Guitar Hero et je galère déjà à différencier les instruments entre eux. Tout ce qui compte, pour moi, c'est que ce soit beau (pour le coup, on est servis). Au mieux, je peux dire : "c'est beau, il y a des violons".


Je pourrais éventuellement faire deux-trois recherches sur wikipédia pour vous parler de l'histoire du groupe et de la genèse de l'album, mais de une, d'autres s'en sont déjà occupés avant moi, et de deux je m'en contrefous. Ça a beau être mon groupe préféré, je sais juste que le chanteur s'appelle Win Butler, qu'une musicienne s'appelle Régine Chassagne, qu'ils sont originaires du Canada et que David Bowie est fan depuis le début. J'ai pas besoin de beaucoup plus pour être amoureux, et je pense sincèrement que vous non plus.


Que me reste-t-il à écrire alors, pour narrer l'amour ? Sans doute une histoire personnelle, elle aussi d'une banalité affligeante. Je vais même pas vous parler de tout l'album. Simplement de la chanson la plus connue, Rebellion, celle à qui on reprochera de voler la vedette aux autres. Ce n'est qu'à moitié justifié. Certes, toutes les pistes valent le détour à bien des égards, mais celle-ci est de loin ma préférée, donc la meilleure. Tout court, hein. Pas de l'album. Pas d'Arcade Fire. Pas des années 2000. Tout court.


Notons que comme beaucoup d'histoires d'amour, celle-ci ne commence pas par un coup de foudre. Simplement comme cela : entendre parler d'Arcade Fire de ci de là, sans vraiment se pencher sur leur oeuvre. Retenir que tout le monde les aime bien. Puis première écoute de Rebellion. C'est sympa. Pas mémorable. Par curiosité, on y revient périodiquement. On commence à retenir des séquences du morceau. Les cordes de la fin, nottament. Puis l'intérêt monte d'un cran quand on s'aperçoit que Funeral s'offre une place souvent confortable dans les classements de meilleurs albums de la décennie. Alors on réécoute Rebellion, de plus en plus souvent. Puis on s'intéresse à l'album. On se dit qu'il est sympathique mais qu'on aura du mal à retenir les chansons. Ce n'est qu'une première impression, fausse, systématique avec Arcade. Les écoutes suivantes le confirment. A force d'écoutes quotidiennes en streaming, on se résout bien à acheter le CD (c'est le minimum). Puis on se le repasse. Inlassablement. Tant c'est bon. On a envie de déclarer sa flamme à chaque chanson. Elles sont toutes géniales, des quatre parties de Neighborhood à Wake Up, puis Haïti. Mais Rebellion, elle, est toujours au delà de la mêlée. C'est celle qu'on écoutera toute seule, 5 fois par jour, quelque soit la situation. Qui nous accompagnera quand on est heureux, nous réconfortera quand on est triste, nous emmènera au loin le reste du temps...


Voilà, c'était l'amour...
Et c'était affreusement banal.

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le 1 juin 2014

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heudé2

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