Les fantômes du passé.

Oublier le Mylo Xyloto toujours pas digérer. Oublier même le bon Viva La Vida. Coldplay nous propose de revenir un peu en arrière et puiser dans son passé. Mais comme tout souvenir, il apparait flou et nébuleux, doux et vaporeux. Ghost Stories fait partie de ces albums complexes en forme d'introspection, difficiles à appréhender, qui s'offrent à nous avec le temps.

Musicalement, Ghost Stories fait ressurgir la composition des Coldplay des premiers temps, du moins sur les premiers titres. Une guitare électrique lointaine ('Always in My Head') ou acoustique sur fond de synthé ('Magic', 'Oceans') ou des arpèges au piano ('O'). Les résurgences se retrouvent aussi sur des titres répétitifs ('Midnight') comparables à 'Clocks' en moins pop. La nouveauté réside dans les percu électro et minimalistes ('True Love'). C'est avec le second titre 'Magic', ou 'Another's Arms' que les notes de post-dubstep se font le plus remarquer. C'est un genre qui colle plutôt bien à la voix cristalline de Chris Martin, élément fort et marquant de l'album. Coldplay innove en l'accompagnant de voix lyriques et synthétiques ('Another's Arms', 'Always in My Head').

Au chapitre des critiques, malgré une ambiance chaleureuse et enivrante, on approche parfois d'une euro-dance digne de l'eurovision dans 'Midnight'. Le groupe frôle même la faute de goût sur les couplets de 'Ink'. Mention négative aussi pour le solo de guitare de 'True Love' qui n'est vraiment pas bien senti et tombe comme un cheveux sur la soupe déjà peu digeste du morceau.
Ces quelques morceaux mis de côté, l'album apparait solide et construit. Seul 'A Sky Full of Stars' au rythme entrainant détonne un peu. Il reste néanmoins un bon titre que je place juste en dessous des très bon 'Always In My Head', 'Magic', 'Oceans' et 'O'.

L'écriture revient aussi aux bases. Plus question ici de fournir de gros refrain à hurler dans les stades. Les textes son intimistes mais se veulent toujours universels. C'est souvent simpliste avec pas mal de répétitions mais ce n'est pas sur ce point qu'on attend le groupe. Quoi que... ça pouvait passer sur les albums de jeunesse. Il serait temps de se mettre à travailler dessus. Pour une analyse plus poussée, je renvoi vers la très bonne critique de Beatlemaniac (http://www.senscritique.com/album/Ghost_Stories/critique/38362429).

Ghost Stories est un opus à univers.

C'est ce qui me fait penser que l'on a toujours à faire à du Coldplay. La sensibilité du groupe est toujours présente mais comme enveloppée dans une noirceur inhabituelle qui va à l'encontre des deux derniers albums studio qui appelaient à la joie et au partage. Ghost Stories s'envisage plus comme une oeuvre contemplative et intimiste. Il n'est pas loin des Parachutes, A Rush of Blood To The Head ou dans un autre style de Viva La Vida, et il redresse la barre après un Mylo Xyloto (trop) expansif. En le faisant vieillir, et j'insiste sur ce point, il s'approchera surement de ce trio de réussite. Il retrouve cette saveur automnale des premiers heures du groupe, à écouter au coin du feu, sous la couette, dans l'obscurité... C'est ce qui me fait dire que la sortie de Ghost Stories est trop tardive ou trop en avance et parait hors saison. Mais Coldplay se retrouve, tente la synthèse en expérimentant encore, et c'est déjà une bonne nouvelle.

SAV

(...) 3 semaines plus tard :

Trois semaines seulement, suis-je tenté de dire. L'album a su me séduire encore un peu plus. Les titres qui passaient mal ('Ink', 'True Love' et 'Midnight') se révèlent être de plus en plus beaux et riches. Mais 'A Sky Full Of Stars' vieilli moins bien au fil des écoutes en rappelant un peu trop les deux derniers opus du groupe. J'ai donc revu ma note en y ajoutant un point, pour atteindre la belle note de 7. Rendez-vous cet automne.

(...) 3 saisons plus tard :

L'hiver s'est fait attendre cette année. Mais il est là, apportant le froid, le ciel gris et les nuits à rallonge. En somme, c'est tout ce qu'il faut pour apprécié un Coldplay et a fortiori ce Ghost Stories. Sans aller jusqu'à lui ajouter encore un point, j'admet qu'il a révélé toute sa beauté durant les heures qui précèdent le crépuscule.

Petit hors sujet :
Je voudrais faire un petit point sur l'album en tant qu'objet. Proposer à 15€ un cd sans réel livret, hormis des remerciements et deux pauvres illustrations (et je passe sur la protection cartonnée qui ne sert strictement à rien !!), alors que la version iTunes propose quelques bonus pour 30% moins cher, me fait bondir ! Alors, d'accord on est pas non plus sur de la pochette carton comme de plus en plus de cd, mais mettre les paroles par exemple, ce ne serait pas trop demandé. C'est une base. Ce manque de considération pour l'objet va à l'encontre de l'idée que je me fait d'une oeuvre pleine et entière. C'est aussi très frustrant quand on voit l'univers que développe le groupe autour de cet opus...