Go to Heaven
5.9
Go to Heaven

Album de Grateful Dead (1980)

Un album qui « concentre le pire du Grateful Dead » (Phil Lesh) ?

En 1980, le couple Godchaux étant parti, il faut leur trouver un remplaçant et ce sera Brent Mydland aux claviers et au chant, qui avait déjà travaillé avec Bob Weir dans un registre jazz-rock. Le choix est musicalement plutôt bon. Jerry Garcia, Phil Lesh, Bob Weir, Bill Kreutzmann et Mickey Hart souhaitent revenir aux bases rock/blues-rock sur ce « Go to Heaven ». Ils sont à nouveau pressés par leur label Arista pour sortir un nouvel album avant de reprendre les tournées, après les échecs relatifs de « Terrapin Station » et « Shakedown Street ». La surprise est de se tourner comme producteur vers Gary Lyons, producteur du 1er album de Foreigner, trois ans auparavant. Au cours de la tournée 1979, les musiciens ont dévoilé deux nouvelles compositions, une ballade « Althea » et un rock’n’roll bien envoyé qui lorgne vers Chuck Berry, « Alabama Getaway », signés Garcia et Hunter. Weir et Barlow proposent aussi deux nouveaux morceaux, «Lost Sailor » et « Saint of Circumstance ». Et là, Weir fait un clin d’œil au son californien et à Toto, dont David Paich et Mike Porcaro avaient d’ailleurs participé à son 2e album solo, « Heaven help the fool ». Mydland et Barlow offrent « Easy to love you ».

Ce sont ces nouvelles chansons qui seront à la base du nouvel album. Bon, finalement, deux titres sortent vraiment du lot, le « Althea » cité plus haut et « Feel like a stranger », les seuls morceaux qui vont réussir sans surprise à se faire une place sur le long terme dans les setlists des concerts. Personne ne semble satisfait de la réalisation finale : les membres du groupe l’ont largement critiqué, et ces critiques ont été de plus en plus violentes au fil des années, le plus acerbe ayant été Phil Lesh qui n’a pas mâché ses mots. Mais Garcia s’en est aussi pris aux choix du producteur. Même le boss d’Arista, le grand Clive Davis (qui avait une sacrée oreille) a dû demander au groupe, et Mydland en particulier, de mettre la pédale douce sur le son « pop-rock-FM » du groupe, de peur de dénaturer ce qui faisait l’essence du Dead. Et encore une fois, les plus terribles ont été les Deadheads pour qui cet album encore une fois raté sa cible, trop lisse, trop « radio friendly ». Le pire étant atteint par la pochette, sans doute la plus ratée de toute leur carrière, une photo qui montre les musiciens vêtus de costumes blancs disco, les cheveux au vent, nimbés d’une lumière blanche ! J’espère (et je veux croire) que c’est du 2nd degré ; je n’arrive pas à me dire qu’ils ont sérieusement envisagé de poser pour une pochette pareille. Est-on si loin que ça du Travolta de « Saturday Night Fever » ?! Vu la dose d’humour dont la bande à Garcia était capable, je pense plutôt à une (mauvaise) blague. Mais le mal était fait, les ventes ont été à nouveau très médiocres, des fans se détournant même dès qu’ils ont vu la pochette. Pourtant, cet album n’est pas catastrophique, certains choix (de production par exemple) sont discutables mais il y a aussi dessus quelques bons morceaux, pas beaucoup, mais pas de quoi non plus crier au scandale. Preuve d’une certaine usure, il allait falloir attendre 7 ans pour avoir un nouvel album, le bien plus solide « In the Dark ».

JOE-ROBERTS
5
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le 11 août 2025

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