L'ange Gabriel Bianco et sa guitare

La guitare classique n'a pas d'histoire. Son repertoire étant encore jusqu'à tres récemment plutôt pauvre. Vieil instrument méprisé, délaissé, outragé. Et pourtant ! Berlioz parlait de la guitare, avec une justesse mesurée, comme d'un "petit orchestre". La guitare classique embrasse une palette de couleur extrêmement vaste et peut devenir bien d'autres choses encore (Carillon de Francisco Tarrega interprété par Vladimir Gorbach).


J'ai decouvert Gabriel Bianco bien avant sa renommée, par pur hasard. Et il faisait deja partie des grands bien avant sa consécration au Guitar foundation of America en 2008 où il rejoigna de nombreux autres francais. D'ailleurs ce prix ne sera jamais une fin en soi pour lui. Comme en atteste cet album très coloré et à l'image d'un artiste qui est comme la variation d'un thème : une quintessence.


Gabriel bianco represente donc en tant qu'interprète la richesse de ce bel instrument dans toute sa grâce mais jamais dans ses faiblesses comme d'autres avant lui (tel que John Williams. Interprète qui, pour moi, est à la guitare classique ce qu'André Rieu est au violon).


Cet album est magnifique et, fait rare dans le milieu, assez representatif du talent de l'artiste.


On y retrouve son style, avec ses notes rondes, lumineuses et dansantes.


Alors appreciez-le pour ce qu'il est mais ne vous y arretez surtout pas. Non, n'hesitez pas à explorer davantage son œuvre beaucoup plus centrée sur le répertoire classique de la guitare.


Comme par exemple son interpretation de La catedral d'Agustin Barrios Mangore, une pièce maîtresse par excellence, qui nécessite autant de talent technique que de talent d'interprétation. Avec toute l'érudition nécessaire pour faire la différence.
On ne peut etre qu'admiratif face à la propre sensibilité de Bianco qui par un tempo légèrement plus rapide sublime le premier mouvement (0:30 à 2:41), les silences éloquents, ou encore la justesse dans la manière d'attaquer les basses avec son pouce dans le troisieme mouvement (4:47 à fin). Entendez-vous, vous aussi, sonner les cloches de cette grande et majestueuse cathédrale que Barrios Mangore, compositeur génial, ne pouvait pourtant pas bâtir seul ?


Aujourdhui et peut-être même dès cet album Gabriel Bianco a laissé sa trace dans l'histoire balbutiante d'un instrument protéiforme. Au cote de Segovia, Bream, Lagoya, Vidovic ou plus fierement encore : Roland Dyens.


À écouter sans modération !

Ridane
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le 10 oct. 2019

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