Les concerts d'halloween depuis 1973 sont des évènements majeurs pour Zappa et sa formation du moment. Des rituels, des grandes messes foutraques et virtuoses où l'opéra bouffon convoque le rock le plus sérieux du monde. Le public, largement acquis à la cause du génial moustachu depuis des années, a déjà épinglé l'événement pour l'année prochaine. Manque de pot, il n'y aura pas d'autres soirée d'Halloween avant celle de 1981, Zappa tombant deux années de suite malade. Dieu ordonna à Zappa de zapper...et Frank zappa. Très sûrement à son grand désarroi (l'événement étant, lit-on ça et là depuis toujours, sa fête favorite). Était-ce prémonitoire que cette soirée du 31 octobre 1978 allait figurer parmi les plus impressionnantes de sa pourtant déjà riche collection de lives ?


Impressionnantes par la durée du show, plus de 3h sans aucun temps mort - pitreries scéniques et guests compris. Le second show du coffret, qui s'est tenu le 27 octobre de la même année, ne fait quant à lui qu'un peu plus de 2h, excusez du peu. On vous sert sur un plateau encore crade de la veille nombres de raretés live et morceaux expérimentaux comme ce Thirteen échappé de la tête d'un fou et qui en dure en fait 17, de minutes. Le combo classique d'un City of Tiny Lites/Pound For A Brown toujours aussi heavy et virtuose ou encore un Watermelon In Easter Hay qu'on croirait échappé d'un rêve éthéré perché tout là-haut dans les nuages, un moment en suspension après s'être bien marré tout du long. L'apport de Shankar "Bionic Parrot" est crucial dans l'élaboration de l'atmosphère du show. Son violon électrique parcourt le show d'est en ouest, tord les classiques de Zappa pour les modeler et en faire des paysages nomades constellés d'étoiles scintillantes. Si par moment ses cordes peuvent être crispantes , leur intérêt est indéniable, comme sur ce Packard Goose approchant les 20 minutes.


Joués avec brio et accompagnés par la guitare pleine de rage de Zappa, pas forcément la plus harmonieuse mais bon sang qu'est-ce qu'il s'agite dessus, les classiques du début et de la mid-seventies sont joués à la vitesse de l'éclair en témoigne ce Dinah-Moe Humm dégobillé façon jeyser. On raconte que Zappa en avait déjà marre d'en jouer certains et les balançaient à la tronche du public pour le rassasier et le calmer.


Halloween 78 fait l'effet d'une petite bombe tant il déborde, tant il comprend parfaitement ce qu'attend le public de Zappa, composé assurément de demeurés, mélomanes, psychopathes, poètes, gamins, hommes et femmes de tout bord reunis le temps d'une soirée ici mémorable. Best-of des seventies, s'amusant de classiques du répertoire (joués pourquoi pas en instrumental parce que Zappa l'aura décidé ainsi), truffé de morceaux expérimentaux ou d'autres que l'on aura jamais entendus, de soli de guitare là aussi pas commodes. Les musiciens sont virtuoses, le plaisir est total. Zappa a sans doute mieux joué ailleurs c'est vrai - mais l'on sent ici plus qu'ailleurs que l'instant n'est pas comme les autres et que cet Halloween là répond à l'humeur du moment, sans réel fil conducteur (morceaux de clôture à part), jouissant d'improvisations libres. Halloween 81, débordant de synthés, fait tout de suite plus sérieux.

XavierChan
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