Ah les jolies colonies de vacances, merci papa

Cette critique va commencer par une astuce. Un artisan travaille chez votre voisin et vous fait profiter du bruit de son remue ménage, d'autres gens aiment parler fort sous vos fenêtres, n'importe qui fait du bruit près de chez vous au mépris des usages de la courtoisie.
Vous êtes tenté de mettre de la musique fort pour ne plus les entendre avec un doux rêve de faire fuir ces importuns mais, non, ils restent et continuent.
Une solution, pour le peu que ces gens ne fassent pas partie de la communauté maghrébine, mettez du raï. Je vous assure que n'importe quel toubab ou même européen du sud exècre cette musique et s'éloignera rapidement vous laissant profiter de votre sérénité.
Pour ce faire, il faut que ce raï vous plaise et si je ne devais recommander qu'un disque, c'est bien celui-ci, Hana Hana de Chaba Fadela et Cheb Sahraoui.
Pour en parler, utilisons notre petite machine à remonter le temps
tup tup tup tup trilili trilili tup tup
Nous voilà dans les années 80 en Algérie, le raï explose et toute la communauté s'agite sous ce nouveau son qui intègre les influences modernes avec le groove classique local. Les chanteurs appelés "cheb" tournent à travers le pays et se forgent une réputation tels que Khaled, Hasni, Mami ainsi que le duo mixte Fadela/Sahraoui. Bien que confidentiels en France, leurs cassettes inondent les boutiques de Barbès et leur musique vogue sur le canal Beur FM.
En ce qui me concerne, n'étant pas spécialement attiré, j'ai quelques peu subit cette musique dans une moitié de ma famille, reconnaissant des charmes çà et là mais allez trouver qui chantait quoi et comment sur des cassettes à l'encre de basse qualité complètement effacée.
Bien plus tard, en me penchant légèrement sur le sujet, le hit N'Salfik m'a sauté à la tronche et me voilà depuis fan du duo en question, je suis donc allé à la pêche de leur unique album et bien m'en a pris malgré quelques sonorités typiques de l'époque. Cet album gardera pour l'éternité une grande valeur pour ce qu'il représente, la fin d'un monde et, surtout le début d'un nouveau qui nous concerne tous.
Imaginez la modernité pour le pays d'origine, un duo, mixte, un homme et une femme à égalité, une production du prochain album (celui ci) à L.A., les paroles traduites en anglais dans le livret. Nous sommes en 1990 et l'avenir international est devant eux.
Patatras, en 1991, le FIS (front islamique du salut) gagne les élections en Algérie, réaction des pseudo démocrates qui interdisent le scrutin, s'ensuit une période de terreur qui durera des années. Khaled débarque en France et Hasni est assassiné. En ce qui me concerne, c'était la première fois que j'entendais parler d'Islam politique (malgré l'Iran) et ce fut le début d'une ère dont nous sommes obligés de voir aujourd'hui qu'elle n'a toujours pas pris fin.
On n'entendra plus jamais ce duo merveilleux

Toshiba
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 nov. 2020

Critique lue 87 fois

5 j'aime

22 commentaires

Toshiba

Écrit par

Critique lue 87 fois

5
22

Du même critique

Fantômes contre fantômes
Toshiba
10

Je crois qu'on tient là le numéro 1

Mes plus grands fans sont au courant, j'ai habité quelques années en Nouvelle Calédonie. Une fois arrivé là bas, il aurait été dommage de ne pas visiter la Nouvelle Zélande. Si vous regardez sur une...

le 24 juil. 2020

17 j'aime

6

Mourir peut attendre
Toshiba
7

Show must go on

A Night at the Opera Deux films au cinoche en 15 jours, deux poids lourds un truc hyper hype que je n''ai pas apprécié et un truc pourri que je note relativement bien. Autant pour Dune, ça me...

le 6 oct. 2021

16 j'aime

19