John Zorn - Masada – Het – (1997)
A l’origine « Masada » signifie « forteresse », cette dernière est constituée de plusieurs palais et de bâtiments défensifs, située sur un point proéminant, au sommet d’une montagne isolée sur la pente est du désert de Judée. L’accès est très difficile, Masada est bordée à l’est d’une falaise de plus de quatre cent cinquante mètres, le plateau est quasi imprenable, autrefois Hérode y vivait, gardé par une garnison importante. En soixante-dix, les romains voulurent s’emparer de Masada, ils construisirent un mur d’encerclement, huit camps et une rampe d’accès de plus de cent mètres de hauteur, en utilisant des rochers et des troncs d’arbre.
Ils étaient huit mille qui encerclaient un millier de révoltés. En soixante-treize les romains défoncèrent la muraille et accédèrent à Masada, mais les bâtiments étaient en feu et les habitants s’étaient suicidés. Ce suicide collectif créa une légende où s’exalte l’héroïsme des populations face à l’oppresseur. John Zorn est militant de la cause israélienne et ne choisit pas ce nom au hasard, encore aujourd’hui, des soldats font serment à Masada : « Massada ne tombera pas une nouvelle fois ».
Nous voici arrivés au huitième volume de Masada, qui s’ouvre avec l’excellent « Shechem », une longue pièce qui dépasse les onze minutes et qui s’avère très agréable, et déjà un point fort de cet album. Joey Baron à la batterie mène la pièce main de maître, en frappant les anneaux métalliques de ses tambours, comme il aime le faire assez souvent, mais surtout en utilisant un jeu de cymbales foisonnant.
On retrouve les solos serpentins des duettistes à la trompette et au sax alto, l’entente est désormais quasi télépathique et la pièce file à grande vitesse, emportée dans un tourment post-colemanien de haute tenue. « Elilah » est beaucoup moins vive, avec ses accents klezmer et sa mélodie addictive, si belle et fragile, avec un solo déchirant de Dave Douglas…
Vient ensuite « Kodashim » où les deux souffleurs jouent de concert en tournoyant follement, sur un tempo assez lent, avant de laisser Greg Cohen dessiner un beau solo de basse. Puis arrive « Halom » bref et free, qui envoie et nettoie, histoire de reposer les bases avec « Ne’eman », d’une durée de dix minutes, introduites par la contrebasse qui lance le quartet.
La pièce est une belle réussite, les accents klezmer l’illuminent et Zorn et Douglas se croisent et entrelacent le flux, mais, à d’autres moments se comportent en soliste solitaire, ce qui est plutôt rare en fait, encore un autre sommet de l’album, déjà le troisième ! « Abed-Nego » est également intéressante, sur tempo plutôt lent, mais avec des accélérations, elle avance lentement et s’enrichit de mystères et d’ivresse, tournoyante et superbe !
Il reste encore le bouillant « Tohorot », vivace et resplendissant, le calme « Mochin », reposant et bluesy où Dave brille, le vif et dansant « Amarin », ainsi que « Khebar » qui ferme la marche et conclut ce très bel album, le « Masada huit » !