John Zorn – Homenaje A Remedios Varo – (2023)
Le quartet « Incerto » est une véritable machine à jouer du Zorn, on ne cesse d’être ébloui par ces musiciens qui gravitent autour du démiurge et qui ne cessent d’exécuter les prouesses les plus folles, sous la houlette d’un Zorn toujours exigeant. Voici l’éblouissant « Homenaje A Remedios Varo » un hommage à la peintre espagnole surréaliste, Remedios Varo.
Le fabuleux Julian Lage est le guitariste de la formation, il joue en compagnie d’un trio New Yorkais formé de Brian Marsella au piano, Jorge Roeder à la basse et Ches Smith à la batterie. L’album a été enregistré en avril vingt-trois et publié en octobre, il ne possède pas de livret, un simple obi fait la médiation.
A chaque album de Zorn l’éblouissement est grand, à chaque fois on se dit que ça va, on a compris, cette virtuosité continuelle est un peu lassante, à force d’y être confronté, et pourtant, on se laisse prendre à tous les coups, les compos malines ou exquises, les surprises continuelles, les climats différents dans lesquels baignent les compos, rien ne lasse et tout émerveille, comme l’éblouissant « Remedios (A Wilderness Of Mirrors) » par exemple.
Zorn est-il le roi du jazz de chambre ? Tout le laisse à croire, qui peut faire mieux ou même aussi bien, certes la multiplicité des albums, des formations, toutes au service des compos zorniennes pourraient aboutir à un nécessaire essoufflement, un genre de suffocation, comme une aspiration par le vide au minimum, un juste retour des choses, pour qu’il y ait, enfin, une sorte d’équilibre…
Force est de reconnaître qu’il n’en est rien, rien ne fléchit, rien ne tombe, mollasse, au fond d’un trou, comme aspiré par le néant, ou le vide sidéral, ou encore la redite, le cycle de l’ennui, du déjà entendu, créant l’envie de zapper, de dire « pause, on arrête » et d’aller voir ailleurs…
C’est qu’ici tout est merveilleux, pile poil ajusté, une sorte de perfection, il y a même comme une fascination à observer cette maestria musicale, sans doute le plaisir du « beau », de l’émotion contenue, ou bien cachée, car cette perfection affichée cache probablement une faille, une blessure ou même une souffrance quelque part, il faut dire que l’homme est fascinant et que la musique est pour lui un horizon indépassable et une raison de vivre.
Alors celui-ci est le quatrième de la formation après l’éponyme « Incerto », puis « Multiplicities II », « Full Fathom Five » dont il faudrait que je vous parle, et celui-ci qui tient hautement son rang…