Sunny Murray, Robert Andreano, Bob Dickie – Homework (1997)
C’est l’histoire d’un album enregistré le trente mai 1994, le jour du « Memorial Day », celui où l’on se souvient des anciens combattants. Un album quasi privé, ultra limité, vingt-deux exemplaires c’est peu. Heureusement Nobusiness Records a fait office, une fois de plus, de sauveur, en exhumant les précieuses bandes.
A l’origine de ce projet de trio on trouve le jeune guitariste Robert Andreano, vingt-deux ans, qui rencontre une légende du jazz, Sunny Murray. Pour qui s’intéresse d’assez près au génial batteur il demeure, sinon une énigme, du moins un sujet d’étonnement, comment se fait-il que ce géant (il a tout de même révolutionné la technique sur son instrument) joue assez souvent dans des formations ou en compagnie de musiciens peu renommés ?
La réponse est malheureusement toute simple, Sunny était souvent en quête d’engagement, à la recherche d’un travail, et il répondait par l’affirmative aux moindres sollicitations, il joue ici avec un brio remarquable et un plaisir qui s’entend. Le troisième personnage de l’histoire c’est Bob Dickie qui joue de la basse, un ami de Robert Andreano.
La session est totalement improvisée, on joue, on fonce. Première remarque Sunny Murray est relativement sobre, comparé au jeu tout feu, tout flamme de sa jeunesse, il aime toujours les cymbales mais avec un peu plus de modération qu’autrefois. Sur le quatrième titre “Why You Need a Lawyer When Your Pants on Fire” il s’offre un solo de batterie de très longue durée (environ 18 mn), celui-ci réveillera les souvenirs des amateurs de rock qui, pendant les concerts des années soixante-dix, étaient invités à ce passage obligé. Les deux joueurs de cordes, galvanisés par cette compagnie se donnent corps et âme, guitare et basse assurent très convenablement, relevant le défi du « free » total lors du dernier et très court titre.