Horizons
7
Horizons

Album de Détroit (2013)

Moi, j'ai grandi au Noir Désir. C'est la musique qui me poursuivra toute ma vie, je le sais déjà. J'ai failli m'appeller Ernestine, c'est vous dire. Sauf que j'ai 15 ans, et que je n'ai donc jamais réellement connu le groupe en activité. Je m'étais faite à l'idée que c'était un groupe mort, comme beaucoup d'autre de mon ipod. Je ne réalise pas trop encore que je vais peut être voir l'homme dont la voix m'a toujours suivie.
On oublie souvent de parler d'Horizon comme un album de Detroit, on parle toujours du "dernier album de Cantat", et il va être difficile de perdre cette habitude, que ce soit Noir Désir, Bertrand en solo ou Detroit, quand Cantat fait de la musique, avec qui que ce soit, c'est lui qu'on retiendra, parce que c'est lui qui semble imprégné tout morceaux auquel il participe de sa rage un peu onirique.

Pour ce qui est de l'affaire Tringtignant, je suis fatiguée de devoir me justifier dès que je parle de cet artiste. Oui je continuerai de l'écouter malgré ce qu'il a fait, non, je n'ai plus envie de donner mon avis, oui c'est un assassin, sauf que ça reste un homme, laissez moi écouter ma musique, merci.

Au moment de la sortie de Droit dans le soleil, je n'ai pensé qu'une chose : "Il a bien perdu sa rage le Cantat". L'album redresse un peu ça, mais on ne sait pas trop si c'est la collaboration avec Pascal Humbert ou la vie qui a amoindri les coups de poings qu'il nous balançait de sa voix, avant.

Ma Muse met un peu mal à l'aise tant les rimes sont faciles, mais le morceau reprend de la grâce assez vite. La voix de Bertrand a assez peu changée, un poil plus triste peut être.
Glimmer in your eyes manque comme d'habitude de poésie, comme toutes les chansons en anglais de Cantat. Elle confirme que sa voix est toujours là, et l'instru est fine, nuancée et changeante.
Terre Brûlante, du bon vrai Noir Désir, un peu répétitif et qui semble agoniser sur la fin, reprend vraiment l'ambiance pesante et caniculaire, lourde comme un couvercle de casserole, qu'il y avait dans pas mal de morceaux de Tostaky.
Je ne jugerai pas les deux instrumentaux, je n'ai pas les connaissances pour, la seule chose que je peux en dire c'est qu'ils se lient très bien avec le reste, et cimente l'album, lui évitant de ressembler à une compilation de bonnes chansons sans lien comme on en a souvent l'habitude.
Ange de désolation (le titre me fait vraiment tiquer, on dirait un Blingee moche kikoo-depressif triste), est dans la lignée de Terre Brûlante, avec un texte à la hauteur de Bertrand Cantat, c'est à dire infiniment bon. Le morceau nous garde des instants de grâce et des entre-deux qui s'étiolent un peu, et chaque morceau peut devenir une citation à taguer en immense sur les murs de nos villes.
Horizon, lui aussi, sent très fort le Noir Désir, avec un peu de rock classique en moins.
Droit dans le soleil, au fil des écoutes, me semble moins résigné, avec des cordes qui servent magnifiquement un texte magnifique.
Le creux de ta main, est impressionant à la première écoute. Je l'ai fait écouter à une amie que je saoule depuis pas mal de temps avec Noir Désir, au bout de cinq secondes elle m'a regardée avec des yeux ronds en sifflant "EUH. C'est très très très très bien non ?". Je suis amoureuse de ce morceau, réellement. Je ne peux même pas vous en donner une critique un temps soit peu correcte, mes sentiments à l'égard de cette chanson sont les suivants : iuezivzbchbdiuchi c tré bi1 zbvhivbeihzvbb jm 7 chenson pt1 zuibfiezbviezbf c bo.
Sa majesté, du coup, souffre un peu de la comparaison et semble molle, alors qu'elle reste agréable, dans la même ambiance que Terre Brulante, un serpent qui se faufile sur la terre échauffée en ziguzaguant entre les cactus.
Null and void est mon deuxième coup de coeur, laissant la part belle à l'instrumental, je suis donc de nouveau assez mal informée pour critiquer ça, je ne peux vous donner que mon ressenti général : c'est beau. Et la voix de Cantat reprend ses accents habituels.
Avec le temps, une reprise de Ferré, et je suis de nouveau impressionnée par la capacité de Bertrand Cantat à s'imprégner des morceaux qu'il reprend (j'ai appris il y a une semaine que non, Johnny Colère n'étais pas d'eux), et surtout Ferré, j'ai encore Ces gens-là lové dans le coeur pour longtemps. Le morceau conclut sur le fait que oui, l'interprète n'a rien perdu de sa voix et de sa rage et sa grâce et de son émotion.

L'impression générale de l'album est meilleure que cette des chansons individuelles, surement parce que l'album est une oeuvre a prendre dans son intégralité, ce qui devient assez rare à notre époque, dans la plupart des albums récents, que l'on les écoute en aléatoire ou dans l'ordre ne change pas les choses (je pense à Shaka Ponk). Par contre, les chansons sont plus inégales que ce à quoi nous avait habitué Noir Dez : des albums entiers où pas une chanson n'est à passer.
On ressort de l'album ni déçu ni surpris, et on a hâte de voir ce que Detroit donnera en live.
MakeMeSober
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2013

Créée

le 1 déc. 2013

Critique lue 318 fois

1 j'aime

MakeMeSober

Écrit par

Critique lue 318 fois

1

D'autres avis sur Horizons

Horizons
takeshi29
8

Avec le temps, va, tout s'en va ?

J'avais décidé de traiter cet album comme n'importe quel autre, d'en faire la critique sans tenir compte de tout ce qui l'entoure, d'écouter Bertrand Cantat en tant qu'artiste et non en tant...

le 21 nov. 2013

34 j'aime

15

Horizons
Jambalaya
9

Noir Dé(troit): Renaissance du rock français !

Le temps est passé, Cantat a payé et ni la loi ni la morale ne sauraient condamner le fait qu’il continu d’exercer son immense talent d’auteur-interprète, sauf peut-être la flopée de crétins qui...

le 19 nov. 2013

33 j'aime

28

Horizons
King-Jo
9

Cantat autant attendu et que l'horizon te semble plein d'espoir

Je me souviens de cette émotion folle à l'écoute de Gagnants-perdants de Noir Désir, du retour de cette Voix qui m'a accompagné des années durant, qui m'a façonné en me berçant de ses paroles qui me...

le 19 nov. 2013

24 j'aime

3

Du même critique

Horizons
MakeMeSober
8

Critique de Horizons par MakeMeSober

Moi, j'ai grandi au Noir Désir. C'est la musique qui me poursuivra toute ma vie, je le sais déjà. J'ai failli m'appeller Ernestine, c'est vous dire. Sauf que j'ai 15 ans, et que je n'ai donc jamais...

le 1 déc. 2013

1 j'aime