And something in the wires made the lightbulbs break

Un bijou de poésie.

Hospice, ça s'écoute seul, le soir, d'une traite. C'est un concept-album qui relate l'histoire d'amour (catastrophique) entre un infirmier (le narrateur), et Sylvia (en référence à Sylvia Plath!) atteinte d'un cancer des os en phase terminale.
Le tragique, et le romantisme catastrophique du récit, se ressentent dans toutes les chansons. L'instru, les mélodies, les paroles, tout s'assemble dans un accord parfait qui nous laissera à la fois trop plein et trop vide d'émotions.
Les paroles, d'ailleurs, sont d'une poésie rare. Le mot "cancer", à part une seule fois, n'est jamais prononcé. Tout est expliqué à travers des litotes ("Cause you'd been abused / By the bone that refused you" dans Kettering) ou des métaphores. Une manière de symboliser les non-dits ? De mieux illustrer l'horreur en ne la nommant pas ? Dans tous les cas, ça fonctionne. Les sujets sont multiples, à travers le cancer et l'histoire d'amour, c'est aussi l'avortement, les relations familiales toxiques, la maladie mentale, l'anorexie, et évidemment, la mort et le deuil, qui sont évoqués. A chaque fois avec autant de tragique et de tendresse, où nous transporte la voix envoûtante de Peter Silberman. Les chansons, loin d'êtres redondantes, sont faites dans des constructions parfois très différentes, et d'une manière toujours justifiée. On ne s'ennuie jamais et rien n'est laissé au hasard.
Concernant l'instru, l'utilisation parfois d'une mélodie très douce au piano, parfois de cuivres chaotiques, viennent illustrer toutes les émotions que le chanteur essaie de nous faire passer. Le chant, les paroles, la construction des chansons, les instruments, tout s'emboîte, tout se justifie l'un l'autre.

C'est une histoire qu'on nous raconte. C'est un recueil de poèmes musical. Il ne reste plus qu'à fermer les yeux, et se laisser embarquer. Une oeuvre d'un génie rare.