De la carrière de Led Zep, il n’y avait qu’un live un peu frustrant (« The song remains the same », B.O. du film de 1976, reflet assez pâle de leurs prestations scéniques) et le fan était donc obligé de se tourner vers les (très) nombreux bootlegs du groupe pour assouvir sa passion, au son parfois proprement calamiteux. C’est en 2003 que Jimmy Page fait paraître ce live, montage des 2 soirs où le groupe a joué à Los Angeles, les 25 et 27 juin 1972, à Long Beach et au LA Forum, alors qu’il était en pleine gloire. On devine un énorme travail en studio pour faire sonner le mieux possible tout ça, (et le son est impressionnant, clair et ultra puissant ! Chaque musicien a une vraie place) ainsi qu’un travail pointilleux de montage : Page a gommé certains défauts en assemblant, à l’intérieur des morceaux, les meilleures parties de chaque soirée. Un exemple ? Sur « Over the Hills and Far Away », l’intro et la conclusion viennent du concert de Long Beach alors que la partie centrale provient du LA Forum. Il y aurait alors de quoi tordre le nez et se dire que ça n’est qu’une grosse opération commerciale orchestrée de main de maître. Ça l’est, bien sûr, il ne faut pas se voiler la face mais c’est AVANT TOUT une magnifique réussite artistique, LE live que Led Zep aurait dû sortir de son vivant, ce qui n’est jamais arrivé pour tout un tas de raisons. Ce triple CD (eh oui, les concerts duraient 3h à cette époque-là…) fait paraître « The song remains the same » encore plus fade, c’est dire.
Le départ sur « Immigrant Song » est une monstruosité qui vous colle au plafond dès les 1ères notes et ça n’est que le début ! Tout le monde est en place, joue à fond et les titres qui s’enchainent montrent de plus en plus un Led Zeppelin en totale liberté qui joue à fond ses compositions pour délivrer le meilleur d’eux même. Et le Dirigeable s’envole, atteignant des sommets autour des 3 morceaux « montagnes russes » dont en 1er lieu « Since I’ve Been Loving You » qui est transcendée par le chant magique de Plant, ainsi que tous les titre du III, parfaitement à leur place pour tempérer les orages dévastateurs que sont les « Black Dog », « Heartbreaker » ou « Rock and Roll». Ensuite l’hymne « Stairway to Heaven » qui en moins de 10 mn vous propulse dans la stratosphère. Enfin, « Whole Lotta Love » qui dépasse les 23 mn et se révèle un immense medley glisse « Boogie Chillun », « Let’s have a party » ou encore « Hello Marylou ». Quant à « Dazed and Confused », les musiciens la prolongent pendant 25 mn ! Attention, pas de délayage ou de complaisance de leur part, non, l’énergie est constante, jamais le groupe n’a sonné aussi cohérent et soudé. Plus qu’un dirigeable, c’est un bombardier qui est lancé sur les États-Unis avec Page et Plant comme pilote et copilote. A la mitrailleuse, John Paul Jones et aux missiles implacables John Bonham ! Peu importe qu’il ait été largement monté/retravaillé en studio, rien de tout ça ne transparaît à l’écoute, c’est une pièce indispensable à tous les amateurs de rock et qui montre vraiment ce que le groupe donnait sur scène au début des seventies. Soyons honnête, personne ne pouvait alors rivaliser, à part peut-être les grands qu’étaient les Rolling Stones, les Who, de sacrées bêtes de scène.