In the beginning was the Riff, and the Riff was with God and the Riff was God.

Que quelqu'un s'en aille prévenir Saint-Jean : l'évangile avait tort. Au commencement était le Riff. Lourd, saturé, sec, fourailleur. Dans ta gueule. Ensuite, éventuellement, fut le Verbe : "The curtain falls instead of stones / I'm just a man, a simple thing". Et le Verbe s'est fait chair. Vigoureuse, passionnée, violente et goguenarde, cette chair n'est incarnée par nul autre que les quatre gusses de Future of the Left, qui s'en vont en guerre depuis le Pays de Galles pour bouter hors de la scène rock ses terribles nemesis : l'ennui et la médiocrité.

De fait, avec ses quatorze pamphlets punks, How To Stop Your Brain In An Accident est une furieuse déflagration pleine d'immaturité criarde et de militantisme grand-guignol. Pas moyen de s'ennuyer une seule seconde avec pareil matériau ! Les lurons accumulent bien des éléments qui jouent en leur faveur ; à commencer par une identité vocale très forte rappelant le meilleur de Jello Biafra (en moins hystérique et plus versatile tout de même), un son de guitare tout simplement énorme - en terme d'amplitude, une session rythmique entre le pachydermique et l'éléphantesque et surtout une admirable science du choeur mongoloïde. En dépit de la bande de bourrins que semblent être les FOTL, les morceaux de ce How To Stop... offrent une belle diversité, salutaire pour le disque qui tient d'autant plus la longueur. On retrouvera entre autres, cachés entre les brûlots punks jouissifs, une fausse ballade nihiliste ("French Lessons"), une chanson autour du chanteur de Razorlight ("Johnny Borrell Afterlife"), un titre marécageux à la Nick Cave ("Why Aren't I Going To Hell"), un refrain au kazoo ("Things To Say To Friendly Policemen") et une délicieuse caricature de présentateur BBC ("Singing of the Bonesaws").

Le constat final est sans appel : How To Stop Your Brain In An Accident est une bombe. Immédiat, mélodique, grandissant avec les écoutes, captivant d'un bout à l'autre, le disque se paye le luxe d'être suffisamment burlesque pour alléger le poids de son activisme politique (ce qui le place bien au dessus de beaucoup de ses contemporains sérieux comme la mort). En somme, Future of the Left a réalisé un coup de maître complètement décomplexé, et ça fait un bien fou !

Créée

le 18 nov. 2013

Modifiée

le 19 nov. 2013

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T. Wazoo

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