Fais-moi mal Arno, fais-moi mal

Après avoir lu sa lettre enthousiasmante à l'attention de Trump, sur la ville de Bruxelles (cace-dédi), on s'est d'un coup souvenu, un peu honteux, de l'existence d'Arno, qu'on voudrait appeler "notre" Arno, tant on ne peut avoir qu'une grande affection pour lui. C'était l'occasion d'aller voir ce qu'il avait sorti ces derniers temps. Quelle chance, un album venait de sortir !

On avait pris nos distances avec le gars à force d'entendre à chaque fois le même disque en un peu moins bien, avec cette impression que plus le temps passait, plus il s'agissait pour Arno de "faire du Arno"... (causer alcool et sexe en singeant Tom Waits). Et ici encore, on ne peut pas s'empêcher de s'en vouloir de dire du mal de "notre" Arno.

Bref, un nouvel album ! Un peu fébrile, comme quand on retrouve un vieux copain, et qu'on veut savoir ce qu'il devient. Hop, on appuie sur le bouton lecture.

Et là il faut avouer que les deux premiers titres mettent une bonne claque. D'abord un blues crade qui doit sans doute faire dire à tous les critiques officiels "c'est l'album de la maturité". Et puis sans transition un deuxième titre, "Please Exist" qui nous propulse dans une rythmique éléctronique aliénante et un appel à se lever de la part d'Arno. Exactement le genre de son qu'on aurait aimé entendre plus et mieux, sur les albums précédents ! Nous voilà donc conquis.

Et pourtant... et pourtant, voilà que "notre" Arno enchaîne ensuite sur une série de chansons d'un coup bien moins enthousiasmantes, voire même un peu mollassonnes avec des textes, osons le dire, sans grand intérêt. Quelle déception... Et en même temps, est-ce parce qu'on ne veut résolument pas penser du mal d'Arno ou pas, mais on est bien obligé de reconnaître qu'il y a beaucoup de qualité dans tout cela. Des arrangements bien pensés et très efficaces, des musiciens très bons. Mais alors... mais alors quoi ? Eh bien on s'ennuie...

L'album nous offre heureusement une nouvelle petite surprise rock'n'roll, "Never Trouble Trouble" : classique, mais bien sentie et un peu revigorant. Puis suite une chouette balade blues soutenue par une basse bien sympathique "Dance like a goose" et des coeurs nickcaviens.

Malheureusement on retombe ensuite dans quelques niaiseries ou rengaines sans grand intérêt pour clore l'album.

Alors, comme on ne peut pas dire de mal de "notre" Arno, concluons sur une note positive :
Reconnaissons d'une part qu'il a sorti là quelques morceaux bien entraînants. De plus il a fait le choix d'enregistrer la moitié des morceaux en anglais, et c'est vraiment là qu'il est le meilleur sur cet album. Enfin, éclair de lucidité, Arno reste sobre (sans mauvais jeux de mots) à la fois dans sa voix et dans la longueur de l'album, nous épargnant de devoir dire plus encore de mal de lui.

Je vous laisse, je vais me flageller pour le mal dit. Merci copain Arno.