Enfin, voilà ce disque majeur des musiques extrêmes référencé parmi nous. Je l'attendais, depuis mon inscription, étant un grand fan de Reverend Bizarre. Dernier album avant l'implosion du groupe mythique finlandais, de loin leur oeuvre la plus aboutie et la plus ambitieuse - et dieu sait que j'adore les précédents opus (y compris les EP, split et alii).

Au programme de ce disque marathon de 2h30 (je n'y connais pas d'équivalent contemporain à part le récent The Seer des Swans, dans un registre d'ailleurs pas si éloigné) : seulement 8 titres, dont 3 dépassent allègrement les 20 minutes. Ce sont bien sûr les trois pistes les plus folles, les plus tordues (les plus folles tordues ? non je plaisante) et réussies de l'album à mon goût. Jugez plutôt :

"They Used Dark Forces / Teutonic Witch" et ses presque trente minutes, sa structure complexe élaborée autour d'un puissant riff aux effluves stoner-sludge surprenantes de la part du combo scandinave, et bien sûr ses longues errances déprimantes, lancinantes. Puis l'enchaînement dans la saturation électrique, quasi incognito avec
"Sorrow", piste suicidaire de 25 minutes au titre évocateur.
Enfin, bien plus loin sur l'album, la pièce maîtresse et baudelairienne, la litanie désincarnée la plus troublante et la plus touchante que le groupe ait produite, la majestueuse "Anywhere out of this world", sorte d'hymne malade à tous les désaxés, tous les paumés, tous ceux qui ne se sentent plus à leur place parmi nous. Ce disque n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains et toutes les oreilles.

Les autres pistes du disque sont également de bon ton, oscillant entre 10 et 15 minutes à l'exception de deux brefs interludes. On y retrouve le style habituel du groupe, lent, lourd, oppressant, désespéré, théâtral, lyrique, morbide, torturé, obsédant, répétitif, hypnotique.

Une cathédrale du mal et de la douleur, un sommet pour couronner une carrière trop méconnue encore. Et la pochette est superbe.

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le 2 août 2013

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Krokodebil

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