Plus tard, on écrira sur l’art de Poni Hoax de jouer avec les modes, de détourner les styles, de casser les moules. Presque un cas d’école pour une groupe français au talent outrageux qui aurait pu crânement séduire le mythique Crammed disc à l’orée des années 80 ou faire flasher Factory pour un petit tour à L’Hacienda une décade plus tard. Maintenant, c’est Tigersushi qui s’y colle et de cette collaboration évidente née aujourd’hui un nouvel album. Poni Hoax interpelle, agace parfois, fait un album trop long (quelques titres en dessous aurait pu être oublier) mais appelle à donner un sens musical au mot « oxymore ». On est avec eux dans la culture club tout autant que dans le rock décadent du Velvet Underground, le groupe épouse le rôle comble du branché mais se repaît avec délectation de quelques gimmicks du sommet de l’électro-pop grand public.
Le groupe est à la fois ancré dans son époque comme un « aujourd’hui, maintenant » affirmé en étendard mais nostalgique des années 80. Pony Hoax est un groupe de soûlard destructeur mais qui porte son ivresse légendaire avec une élégance de dandy. Musicalement, The paper bride fait ressentir un vrai spleen à une mélopée électronique qui se répand avec fatalisme. Pretty tall girls rue dans les brancards toute guitare dehors ; Crash-Pad driver prend le chemin d’une route de nuit tortueuse dans un désert inhospitalier ; The bird on fire, innocente sucrerie electro-pop, se montre in fine empoisonnée ; Hypercommunication vient mettre le foutoir dans un titre possiblement de Depeche Mode ; la force de All things burn finit par gangréner ce qu'il touche. Ultime gageure, Image of Sigrid - la chanson- est à la fois disco, new wave et aussi classe qu’un titre de Roxy Music ! Chaque fois, la fange se marie avec la beauté ; la froideur synthétique avec une chaleur organique. L’album est hétérogène mais totalement Poni Hoax. Inégal mais indispensable.