Asker, Norvège en 1992 : Ravn Preben ”Prime Evil’’ Mulvik, Robin ”Mean’’ Malmberg et Benny ”Cerastes” fondent Sabazios, nom qui fait référence à une divinité indo-européenne symbolisée par un serpent. Ils dégagent rapidement leur batteur, pas vraiment motivé pour jouer du black metal, pour le remplacer par… une boîte à rythme, Mean Malmberg étant un féru d’informatique et du son synthétique généré par la Roland TR-505.
Le trio opte pour cette formule, malgré le passage en son sein de Hellhammer derrière les fûts.

Par ailleurs, ils traînent à l’époque une réputation de gros junkies : amphétamines, champignons hallucinogènes, MDMA, THC, PCP, tout y passe. Cerastes était sans doute le plus attaqué des trois et fréquentait régulièrement les rave parties.
Sabazios n’aura sorti qu’une seule démo avant que le groupe soit rebaptisé Mysticum : Wintermass (1993), une cassette de six morceaux au rendu assez inédit, combinant des riffs simples et hypnotiques à une boîte à rythme encore assez calée sur des rythmiques « organiques » qui pourraient être exécutées par un vrai batteur.
La première démo de Mysticum, Medusa’s Tears (1993), prend la même orientation ; pour la petite histoire, Mysticum a fait figurer sur la cassette le logo ”Never Stop The Madness’’ pour la première fois, parodie du logo ”Stop The Madness’’ de Roadrunner dans le cadre de la célèbre campagne contre l’usage de drogues.

C’est avec cette démo que le groupe va intéresser Euronymous de Mayhem, très friand de nouveautés dans le monde grandissant du black metal avec son label Deathlike Silence.
Il n’y aura malheureusement pas eu de suite, en raison du meurtre d’Euronymous la même année.
A cette époque, Robin rejoint Ulver en tant que bassiste pour une courte période, au cours de laquelle sort un split chez Necromantic Gallery (label hollandais sur lequel Gehenna et Dimmu Borgir ont sorti un EP à l’époque), où figure le titre Mourning issu de la démo de Sabazios.
Les deux compositions écrites pour la compilation Nordic Metal : A Tribute To Euronymous, Kingdom Comes et In Your Grave, montrent un grand pas en avant dans la composition et l’utilisation de la boîte à rythme, donnant à Mysticum une nouvelle forme tout à fait inédite dans le monde de l’extrême et qui justifie pleinement l’usage de machines.

Finalement en 1995, le groupe enregistre son tout premier album, In The Streams Of Inferno, en deux semaines mais qui ne sort sur Full Moon Productions (label de Floride) que l’année d’après : Mysticum reprend un certain nombre de morceaux des démos, réenregistrés avec un son plus compressé et moins naturel.
Le groupe maîtrise beaucoup mieux ses machines et enrichit ses vieilles compos de sonorités nouvelles, d’arrangements de clavier et de samples qui rendent les atmosphères plus denses et prenantes, à l’image de The Rest où le break de basse en dernière partie de morceau est remplacé par un appel de synthé agrémenté d’un extrait de film (semble-t-il, j’ignore lequel) ; ou les emblématiques Let The Kingdom Come et Where The Raven Flies sur lesquels rythmique et clavier prédominent largement sur le reste.
La dualité du chant Prime Evil/Cerastes amène un côté complètement possédé à leur musique, d’autant que s’ajoute régulièrement des samples de hurlements bestiaux en tout genre.
On sent à la fois les influences techno, indus et EBM de Mysticum, digérées et alliées à la patte black norvégienne pour un résultat unique à sa sortie.

La tournée qui s’ensuit comprend vingt-quatre concerts en vingt-cinq jours, aux côtés Gehenna et Marduk, avec lesquels ils sympathisent autour de bière et drogues dures, bien entendu.

Mysticum avait annoncé dès la sortie d’In The Streams… un second album intitulé Planet Satan ; des rumeurs circulaient disant que le disque était déjà partiellement enregistré.
En pratique, ce ne fut qu’après quatre ans de silence complet que le groupe sort de sa tanière pour proposer un nouveau titre, Black Magic Mushrooms, qui fait l’objet d’un split avec Audiopain en 2003.
Rien de plus, si ce n’est la compilation Lost Masters Of The Universe, une compilation regroupant l’ensemble des sorties antérieures à l’album.

C’est Prime Evil qui réactive le groupe en 2011 et propose une réunion de ses anciens membres avec une pléthore de riffs pour des nouvelles compos et surtout un contrat avec Peaceville (qui a réédité leur premier album en 2013) pour enfin sortir le très attendu Planet Satan.

In The Streams Of Inferno est certainement l’un des albums de black metal les plus marginaux de son époque, aux sonorités avant-gardistes comme Arcturus ou Fleurety à peu près au même moment. Même si le black indus n’a jamais connu d’essor particulier, Mysticum a entraîné avec lui des formations de qualité, comme Aborym ou Blacklodge qui sévissent encore aujourd’hui.

« J’ai une cassette avec quelques morceaux de Mysticum, comme ils étaient sur le même label que nous. C’était la première fois que j’entendais du black metal avec une boîte à rythme et des sonorités indus ; ça m’a fait marré tellement c’était surprenant et original ! Je l’ai écoutée en boucle pendant des semaines tellement j’adorais cette cassette ! Pour moi, Mysticum est un groupe légendaire et un des plus originaux venant du Nord de l’Europe ! » Jorn (Hades/Hades Almighty)
Man_Gaut
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le 12 déc. 2014

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Man Gaut

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