Infinite
6.5
Infinite

Album de Eminem (1996)

En 1995, Eminem était comme qui dirait dans une belle merde. Sa fille venait de naitre, il avait carrément besoin de thune, son boulot était payé au salaire minimum, et son rêve de devenir rappeur était au point mort. Chance pour lui, ses mixtapes précédentes avec Soul Intent et Bassmint Productions ont éveillé l'intérêt des frères Jeff et Mark Bass, producteurs affiliés à George Clinton et qui voient en Marshall Mathers une petite pépite à ne pas laisser filer. C'est l'occasion pour lui de passer en studio et de montrer ce qu'il a dans le ventre.

Techniquement, l'album est une réussite, principalement parce que les lyrics de Eminem sont d'un niveau assez incroyable. Les chansons fourmillent de jeux de mots, de double-sens, de métaphores, de rimes syllabiques interconnectées entre les différentes lines, bref du très haut niveau, comme dans la chanson-titre Infinite :

"Ayo, my pen and paper cause a chain reaction

To get your brain relaxin', the zany actin' maniac in action

A brainiac, in fact, son, you mainly lack attraction"

Comme le dit Eminem lui-même dans le mini-documentaire "Partners In Rhyme : The True Story of Infinite", il a mis tout ce qu'il avait dans cet album. Si ça ne marchait pas, autant tout arrêter et continuer à faire la plonge au Gilbert's Lodge de son quartier.

Le problème qu'Eminem avait déjà relevé les années précédentes, c'est que les radios de Detroit ne semblent pas hyper enclines à mettre en avant les rappeurs locaux. Un comble, et une situation qui a déjà donné lieu à plusieurs diss de la part de Marshall et ses potes (l'interlude parodique W.E.G.O. notamment). Le résultat est donc sans appel : hormis les quelques cds distribués directement depuis le coffre de sa voiture, Eminem ne perce pas. Pire, les rares critiques ayant eu accès à l'album considèrent que son flow n'est qu'une copie des rappeurs en vogue à l'époque, Nas et AZ principalement, et qu'il y a donc encore du progrès à faire. La douche froide, la fin d'un rêve.

Le plus paradoxal dans tout ça, c'est qu'Eminem propose une vision plutôt optimiste de sa situation dans de nombreuses chansons tout au long de l'album, comme dans It's OK ou Never 2 Far. Les fans du rappeur admettront que l'optimisme n'est pas monnaie courante dans sa discographie... Le passage du coté obscur viendra justement de là : tous les efforts réduits à néant, plus rien à espérer, une tentative de suicide quelques mois plus tard, avant l'apparition du fameux Mister Hyde de Marshall "Jekyll" Mathers, le bien nommé Slim Shady, aka Mister "I Just Don't Give A Fuck".

Si les productions de son pote de D12, Denaun Porter, sont très correctes (quoique manquant singulièrement de variété), les featurings restent la principale fausse note de l'album à mon sens. Que ce soit Thyme ou Eye-Kyu, ou surtout la rappeuse Three, tous sont d'un niveau bien trop faible et leurs passages rendent l'album un peu ennuyeux par moments. En tout cas, si des haters espéraient voir Eminem se faire outrapped sur ses plus anciennes chansons, bin c'est raté.

Malgré une remarquable entrée en matière, cet album aurait dû rester anonyme et sonner la fin des rêves de gloire du white boy de Detroit. Mais le sort en a évidemment décidé autrement, pour mon (et votre ?) plus grand plaisir.

Pinto-Vegas
7
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le 30 juil. 2022

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