Elmo Hope Sextet – Informal Jazz – (1956)
Voici un album signé par le pianiste Elmo Hope sur le fameux label « Prestige Records », qui succède au label « New jazz » à partir de mille neuf cent quarante-neuf, bien que ce soit toujours le producteur Bob Weinstock qui siège aux manettes. Ce label, en parallèle à Blue Note, a signé de prestigieux musiciens comme Gene Ammons, Sonny Stitt, Miles Davis, Sonny Rollins, Eric Dolphy, Thelonious Monk, le Modern Jazz Quartet ou bien sur John Coltrane, pour n’en citer que quelques-uns.
Outre Elmo Hope, figure ici Donald Byrd à la trompette, Hank Mobley et John Coltrane au saxophone ténor, Paul Chambers à la contrebasse et Philly Joe Jones à la batterie. L’enregistrement s’est déroulé à Hackensack dans le New Jersey, sous la supervision du maître des lieux, Rudy Van Gelder lui-même.
Nous sommes en octobre mille neuf cent cinquante-six, et cette session bop est comparable à beaucoup d’autres, si ce n’est la présence de musiciens de renom, Coltrane ne représente encore qu’un jeune musicien extraordinairement doué, mais il n’est qu’un parmi les autres, même s’il a déjà gagné le respect des anciens qui le considèrent avec bienveillance.
C’est ici probablement le premier album auquel Coltrane participe pour Prestige. Quatre titres sont joués, dont « Weejah » et « On It » signés par le pianiste, les deux autres sont des reprises, « Polka Dots And Moonbeams » et « Avalon ».
A l’heure des saxophones, les deux premiers chorus sur « Weejah » sont joués par le vénérable Hank Mobley, avec sa sonorité chaude et veloutée, et les deux autres par Coltrane qui déjà choisit la complexité et la modernité. Ces faces contiennent en filigrane ce qui sera l’avenir du jazz, sans que personne ne s’en rende véritablement compte, il est évidemment aisé aujourd’hui de tenir un tel discours. On imagine qu’alors l’attention se portait sur la parenté parkerienne de ce titre, hérité en droite ligne de l’altiste.
Cette session bop est extrêmement agréable et met en valeurs de grands musiciens, c’était il y a près de soixante-dix ans, le temps d’une vie…