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Cette fois, It's All Over, en effet : une page de plus semble bel et bien tournée dans la longue histoire de Giant Sand. Joey Burns et John Convertino, membres quasi permanents du groupe depuis une bonne quinzaine d'années, se consacrant désormais exclusivement aux sessions et tournées plus lucratives de Calexico. Howe Gelb se retrouve donc, une fois de plus, seul maître à  bord de son vieux navire. Voilà  qui ne semble pas perturber outre mesure ce vétéran de l'indie rock américain, coutumier des changements de personnel et de style. Après tout, qu'importe que John Parish ou Vic Chesnutt remplacent ici, par intermittence, les anciens piliers du groupe. Le nouveau Giant Sand ressemble trait pour trait, c'est logique, à  un album solo de Gelb : éclectique, inégal, souvent brillant, mêlant avec bonheur les styles les plus variés, du classicisme bancal de Satie aux stridences électriques du rock youngien en passant par le blues décalé à  la Tom Waits. Et si la constance dans l'excellence n'est pas ici suffisante pour faire de It's All Over un chaînon majeur dans la discographie plus que pléthorique du groupe, il n'en demeure pas moins que cet opus possède ce qui fait défaut à  tant d'autres disques (contemporains ou non) : un souffle bordélique et salutaire, signe qu'il y a toujours de la vie et de la passion dans ce vieux coin de désert sablonneux ,(Magic)


De la brillante carrière de Giant Sand, beaucoup ne retiendront que "Chore of Enchantement", l'album le plus produit du groupe et leur plus grand succès (tout relatif) à ce jour. C'est tout à fait normal et c'est un peu dommage en même temps. Car la personnalité du trio emmené par Howe Gelb se dessine justement au travers des approximations, des failles, des fêlures, des instabilités viscérales de leur musique. A ce titre, "Is All Over The Map" semble bien plus représentatif. Déployé au long de quinze morceaux rocailleux, occasionnellement égaré lors d'une reprise inattendue (et pas forcément indispensable) et surtout identifiable dès les premières mesures du disque, le son du meilleur combo de Tucson que le monde ait jamais connu détient à la fois la chaleur et l'aridité du désert que connaît bien Giant Sand. La voix grave, dense et lancinante de Howe Gelb, qui parfois se contente de la faire mollement traîner sur des arrangements instrumentaux plutôt que de chanter réellement, a ce charisme envoûtant que peuvent lui envier la plupart des formations connues, et qui fait mouche à chaque fois. Ses deux collègues ponctuellement débauchés de Calexico connaissent les ficelles du métier et savent comment la mettre en valeur. La batterie, alternant entre les sons d'une carcasse vide et les petits frottements de balais compose avec les élucubrations mi-délicates mi-rêches de la guitare électrique ou du banjo un arrière-fond idéal pour les mélodies vocales, qui semblent elles-mêmes à moitié improvisées. Que cet ensemble a priori bien scabreux parvienne non seulement à tenir sur pieds, mais à susciter l'admiration tient non plus seulement du talent mais de l'élégance la plus fine. Et c'est sans doute de cela qu'il s'agit sur plusieurs titres. Après une ouverture assez sobre et semi acoustique, l'album prend son envol dès la deuxième plage, avec un titre enlevé qui pourrait par instants évoquer un Lou Reed de bonne humeur. La touche féminine, clairsemée mais notoire, est appréciée à sa juste valeur dans cet univers de cow-boys manqués. Le piano intervient là où on l'attend le moins et vient donner un tour résolument jazzy aux chansons les moins parties pour l'être. Le ton est léger et relativement désinvolte, jusqu'à "Cracklin' Water", l'un des standards de Howe Gelb repris ici dans une version grave et dépouillée, qui pourrait être magnifique si elle ne se perdait pas dans quelques vagabondages vocaux superflus. C'est très beau malgré tout. L'intermède musical se donne des airs de mélodie de cabaret avant de réintroduire le son si typique et un peu crasseux du trio. L'un des sommets du disque est atteint lors de cette dernière ligne droite où "Fool" nous initie au concept encore méconnu de honkytonk pop relayé en beauté par "Hood" quelques minutes plus tard. Malgré le ton très "néo-réaliste" de la chanson en français et le détour hasardeux et inattendu par le punk des Sex Pistols, on imagine assez bien le groupe animer les dimanches après-midi des saloons poussiéreux fréquentés par quelques soiffards en bras de chemises... En espérant évidemment qu'il conquière un jour tout le public qu'il mérite.(Popnews) 
bisca
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le 27 mars 2022

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