Je suis au paradis par bisca

A croire que ça fait du bien, parfois, de faire un mauvais disque ! En 2008, Thomas Fersen sortait son septième album studio, Trois Petits Tours, qui s'appuyait tellement sur les ressorts des précédents qu'il tournait en rond... Mais à force d'appuyer, il a fini par rebondir ! Sans rien renier de ce qui fait sa patte depuis près de vingt ans (des chansons-comptines peuplées de personnages bizarroïdes), ce nouvel opus est une bouffée d'air frais. Fersen, le fabuliste, y explore pourtant les recoins de la mort : assassins, défunts et autres protagonistes plus ou moins inquiétants... Mais le résultat est bel et bien vivant. Joli tour de passe-passe. Sans doute parce que, en dépit d'un parti pris thématique contraignant, le chanteur ne s'enferme pas (trop) dans une mécanique d'écriture. Fini - pour combien de temps ? - le bestiaire qui fut longtemps le sien ; fini sa manie de transformer les objets en personnages (amusant une fois, pas deux). Ceux dont il nous parle ici sont des figures de légende (Barbe-Bleue, ­Dracula...), des héros cocasses (une momie égyptienne, un squelette du train fantôme) ou très ordinaires ; et tous nous semblent proches. Familiers. Comme si leur grain de folie était moins forcé que par le passé. Il arrive même que Fersen nous rappelle Brassens (Parfois au clair de lune). On n'en attendait pas tant. (Télérama)