Décollage en trombe

Jefferson Airplane réalise ici un très bon premier album, avec une formation qui n'est pas la formation "classique" du groupe qui connaitra ses plus gros succès avec les albums suivants. Grace Slick la chanteuse emblématique du groupe n'est pas encore présente, mais la chanteuse Signe Anderson s'en sort très bien, et personnellement j'aime aussi beaucoup sa voix.

Pour le reste c'est toujours Marty Balin et Paul Kantner à la baguette, les génies créatifs du groupe. Ce premier album sent donc déjà très fort le Jefferson que l'on connait plus grâce à leur grand tubes sortis un peu plus tard. Les riffs de guitares psychédéliques dominent largement les percussions plus discrètes mais néanmoins réussies.

Mais Jefferson Airplane n'est pas encore totalement Jefferson Airplane, pas d'apologie de la drogue (quoique résumé le groupe à ça c'est bien mal le connaitre), ni de brûlot anti Vietnam (l'engagement massif n'est pas encore d'actualité en 1966). Le thème principal est l'amour déçu ("Bringing Me Down"), ou impossible comme dans l'excellent "Comme Up the Years" qui décrit la passion contre la morale qu'éprouve un homme envers une fille beaucoup plus jeune. Et au cas où certain se poserait la question, "Let Me In" (laisse moi entrer), ça veut bien dire ce que ça veut dire. Quant au plus grand succès de l'album "Tobacco Road" c'est une chanson plus folk sur le déracinement et le vagabondage, adaptation très réussi d'un blues de Lou Rawls.

Le niveau général de l'album est très bon, et quelques chansons sortent encore du lot comme "Let Me In", "Come Up the Years", ou "Don't Slip Away". Pour moi c'est un chef d'œuvre du rock psychédélique un peu oublié, sans doute à cause de l'énorme succès des albums suivants du groupe comme Surrealistic Pillow.