Let me forget, let me forget, or let me go, let me go

Durant l'année 2003, The Cure met fin à vingt-cinq ans de partenariat avec Fiction Records et son manager de toujours, Chris Parry. Afin de tourner la page, Robert Smith lance à la mer un projet maintes fois annoncé puis reculé: Celui d'une compilation de faces-B. Et mieux qu'une compilation, "Joint the dots" est un coffret quatre CDs regroupant TOUTES les faces-B et quelques raretés. A l'époque sortiront également "Downside up" de Siouxsie, "Crystal days" de Echo & the Bunnymen, ou encore "Lullabies to violaine" des Cocteau.


La face-B a toujours été un terrain de prédilection pour le groupe, et un terrain de prédation pour les fans. Dégagé des contraintes commerciales des faces-A, The Cure pouvait s'adonner à toutes les idées, y-compris les plus farfelues, tandis que démarrait la chasse au trésor pour le fan en recherche d'un morceau qu'il n'avait pas sur album. Si les premières faces-B parurent sur la face-B (et oui) de la cassette (ça commence à faire beaucoup) de "Standing on a beach - The singles", ce dernier devint lui-même, très rapidement un objet de collection, laissant le champ libre aux compilations pirates. "Join de the Dots", c'est promis vous dispensera de recherches infructueuses et de craquage de porte-monnaie: Tout y est! Ou presque.


Le coffret retrace l'ensemble de la carrière du groupe en ordre chronologique, avec des commentaires sur chaque morceau par Robert Smith himself. On peut donc contempler une histoire presque alternative du groupe, avec les même changements de style que dans la vraie vie, mais en plus étrange. Première surprise, la présence de quelques morceaux déjà sortis ailleurs - et oui, il s'agit de présenter l'ensemble des faces-B, et donc "10:15", "Plastic Passion" ou la moitié de "Japanese Whispers" figurent au programme. Les morceaux du CD 1 sont souvent d'étranges animaux, des versions décalées de leur illustre autre face. Néanmoins, ceux-ci restent ultra-cultes pour tout Curiste qui se respecte: "I'm cold" avec Siouxsie aux choeurs, "Another Journey by train", le hanté "Spintered in her head", "Mr Pink eyes", "Happy the man", "The Exploding Boy" (qui a donné son nom à un groupe"), "Stop dead", bon je m'arrête! Et même la version Flexipop de "Lament" est au programme. Le premier CD est un comble!


Plus on avance dans l'histoire de Cure, plus leurs faces-B deviennent de "vrais" morceaux, écartés de leur album respectif par choix de cohésion plus que de qualité. C'est clairement le cas pour la période "Kiss me" et "Disintegration", c'est-à-dire sur le CD 2. Les "A chain of flowers", "Babble", "2 Late", "Fear of ghosts" ou le très émouvant "To the sky" sont des merveilles, des petites îles aux trésor pour qui saura les dénicher. A partir du CD 3, certaines chansons sont meilleures leurs pendants d'album: "This twilight garden" et surtout "The Big Hand" auraient dû figurer sur "Wish", et ne parlons même pas des "It used to be me" ou "Waiting" qui auraient pu sauver "Wild mood swings". A la fête générale, on convoquera également les participations à des B.O. ("Burn" sur The Crow), des reprises plus ou moins appréciées (les trois "Hello, I love you" sont à découvrir!) ou encore des remixes.


Si les puristes regretteront un ou deux oublis (les faces-B live de "The Hanging Garden" pour ma part, les Peel Sessions pour d'autres), "Join the Dots" reste néanmoins une formidable rétrospective et rend ENFIN disponible, et à prix abordable, les raretés du groupe. Véritable vivier de créativité et d'originalité, et porte ouverte au coeur de l'âme de The Cure. Ce coffret va ouvrir la voie à la série, encore inachevée à ce jour, des Deluxe Editions, offrant tout son lot de curiosités.

BorisNetzer
10
Écrit par

Créée

le 13 mars 2024

Modifiée

le 18 mars 2024

Critique lue 3 fois

Boris Netzer

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur Join the Dots: B-Sides and Rarities

Join the Dots: B-Sides and Rarities
BorisNetzer
10

Let me forget, let me forget, or let me go, let me go

Durant l'année 2003, The Cure met fin à vingt-cinq ans de partenariat avec Fiction Records et son manager de toujours, Chris Parry. Afin de tourner la page, Robert Smith lance à la mer un projet...

le 13 mars 2024

Du même critique

Paris (Live)
BorisNetzer
9

I can never say no to anyone but you

Sorti un mois après "Show", "Paris" est l'album live "fait pour les fans", c'est-à-dire composé de morceaux plus rarement joués sur scène (les anglo-saxons parlent de "deep cuts"). The Cure a voulu...

le 2 janv. 2024

1 j'aime

Wish
BorisNetzer
9

Please stop loving me

En 1992 les années 80 sont déjà bien loin: Côté rock, la vague grunge et alternative est prête à tout balayer et à redéfinir les codes du cool. Nirvana, Pearl Jam, les Red Hot, Smashing Pumpkins et...

le 17 déc. 2023

1 j'aime