Joni’s Jazz
Joni’s Jazz

Compilation de Joni Mitchell (2025)

Ce coffret 4 CD explore le versant le plus jazz de l’œuvre de cette artiste immense qu’est Joni Mitchell. Bon, d’abord, il y a cette belle photo sur la pochette où en 2022, Joni est entourée de ses vieux complices, Herbie Hancock d’un côté et de l’autre, Wayne Shorter, arborant un superbe tee-shirt du 2e quintette de Miles. Le coffret, annoncé dans le 4e volume de ses archives (1976-1980), lui est d’ailleurs dédié avec un petit mot de Joni glissé dans le livret. Il comprend 61 morceaux extrait de la quasi-totalité des albums de la discographie de Mitchell, à quelques exceptions près (« Clouds », « Ladies of the Canyon »). Comme le coffret rétrospectif « Love has many faces », ce coffret a le même format et ne suit pas un ordre chronologique mais les envies de Joni pour enchaîner tel et tel morceau. Oui, le jazz coule bien dans ses veines, mais un jazz sans frontières, multiforme, du swing pur aux ballades langoureuses, du bop jusqu’au jazz fusion qu’on a pu retrouver dans ses albums des années 70, en y ajoutant du groove funk (apporté par Pastorius) voire du rock. Comme le showbiz aime étiqueter les artistes (plus facile à vendre comme ça !), Joni avait été classée dans le folk à ses débuts et c’est vrai qu’en 1968 « Song to a Seagull », n’est pas précisément un album « de jazz », mais elle y inclut « Marcie ». Parmi les autres chansons de jeunesse réunies ici, on trouve « Both Sides Now » (dans son réenregistrement de 2000, arrangé et dirigé par Vince Mendoza), « Blue » du chef-d'œuvre de 1971 du même nom, et le bouleversant « Cold Blue Steel and Sweet Fire » de « For the Roses » de 1972.

Quelques années plus tard, avec « Court and Spark », les influences jazz, toujours présentes dans l'œuvre de Mitchell, se sont imposées et elle les assume. « Just Like This Train » et la reprise finale de « Twisted » d'Annie Ross et Wardell Gray représentent toutes deux « Court and Spark ». Le quatrième recueil Archives s'est penché sur sa « période jazz », qui a suivi la fusion pop-rock-jazz de « Court and Spark », avec les chefs d’oeuvre « Hejira », « Don Juan's Reckless Daughter », « Mingus » et le live mythique « Shadows and Light ». Joni a toujours refusé d’être classée dans une catégorie ou une autre et elle a toujours joliment envoyé valser les étiquettes. Durant cette période, Joni a collaboré avec des légendes qui se nomment Herbie et Wayne (ils deviennent de vrais complices pour elle) mais aussi Pat Metheny, Larry Carlton, Robben Ford, Jaco Pastorius évidemment, Airto Moreira, Gerry Mulligan et l’immense Charles Mingus, entre autres. C’est aussi la possibilité de se pencher sur la période Geffen de sa discographie, « Wild Things Run Fast », « Dog Eat Dog », « Chalk Mark in a Rain Storm », « Night Ride Home », les albums les plus décriés de sa carrière (souvent à juste titre, moi, j’ai du mal à accrocher et pourtant je l’adore) mais dont on peut redécouvrir quelques titres qui en sont extraits comme « You dream flat tires » ou « Impossible Dreamer ». C’est son retour chez Reprise records avec « Turbulent Indigo » en 1994 qui lui permet de retrouver vraiment sa créativité. Chacun de ses albums jusqu'à « Shine » en 2007 (son dernier album studio) est échantillonné ici. Cela inclut « Both Sides Now », un ensemble de reprises (principalement) dans un style orchestral magnifique. Les standards « Comes Love », « You're My Thrill», « At Last », « Sometimes I'm Happy », « Answer Me, My Love », « Love Puts on a New Face » et « Stormy Weather » sont présents.

On peut enfin écouter quelques morceaux issus de collaborations avec d'autres artistes , comme la reprise de « Trouble Man » de Marvin Gaye par Kyle Eastwood, l'interprétation de « The Man I Love » des Gershwin par Herbie Hancock, et « The Tea Leaf Prophecy (Lay Down Your Arms) » de Mitchell, extraite de son album « River : The Joni Letters ». Le morceau le plus récent de « Joni's Jazz » est la reprise live de « Summertime » extraite de « Porgy and Bess » écrit par les frères Gershwin et DuBose Heyward , enregistrée au Newport Folk Festival 2023 quand, sur l’invitation de Brandi Carlisle, elle est venue chanter quelques morceaux sur scène (dont « Summertime »), à la surprise générale car on pensait que sa santé fragile ne lui permettrait plus jamais de le faire ! Deux démos inédites de 1980 sont présentées ici : « Moon at the Window » et « Be Cool ». Ces deux chansons ont été initialement publiées sur « Wild Things Run Fast » en 1982. Tout un pan entier incontournable de son œuvre dans un coffret joliment réalisé. Allez, si on chipote un peu, deux démos inédites seulement, c’est dommage. Mais je suppose qu'elle garde des inédits pour ses futurs coffrets "Archives" (années 80 et 90). Si vous ne le connaissez pas, écoutez son concert en duo avec Herbie en 1978, la magie de deux grands musiciens.

JOE-ROBERTS
8
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le 13 sept. 2025

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