Alice Coltrane Featuring Pharoah Sanders – Journey In Satchidananda (1970)


Cet album est paru le huit novembre mille neuf cent soixante-dix, c’est-à-dire dix mois environ après « Ptah, The El Daoud », le personnel a beaucoup évolué, même si on y retrouve Pharoah Sanders. D’autres grands sont arrivés, Vishnu Wood à l’oud, Cecil McBee et Charlie Haden aux basses, Rashid Ali à la batterie, Tulsi au Tamboura, une sorte de drone indien, ainsi que Majid Shabazz aux clochettes et au tambourin. Alice joue de la harpe et du piano.


Cet album est sans doute le meilleur qu’elle ait enregistré, l’esprit Coltranien y souffle avec toute sa bienveillance, celui encore apaisé d’A love Suprême, avec la retenue, le recueillement et la paix qu’il secrète, même s’il y manque le feu brûlant sous-jacent. Cet album fait l’effet d’un baume, il apaise la douleur et calme les plaies, pour qu’après une autre vie soit possible, même hors des chemins parcourus, c’est la voie d’Alice et ce sera également celle de Pharoah. C’est ce qui rend cet album si important.


Le premier titre de l’album « Journey In Satchinanda » marque, une route, un chemin mystique qui apaise et calme, répare et guérit, ainsi au son de cette basse qui avance tranquillement, nous faisons ce voyage, dans ce tunnel balisé par l’oud et le saxophone, vers un point lumineux qui marque la paix et le retour à ce que nous sommes, à notre état naturel et authentique.


« Shiva-Loka » poursuit ce voyage et dessine une voie mystique et apaisée, Pharoah se fond dans les sonorités hindoues et s’inscrit dans les délicieux bruissement de cordes de la harpiste, s’y glisse et repose, tranquille et serein. « Stopover Bombay » marque une étape, une brève escale, à la ville, là où tout trépide et secoue, sauf pour celui dont l’esprit est clair, calme et reposé.


La seconde face commence par l’hommage à John Coltrane sobrement intitulé « Something About John Coltrane », on retrouve un esprit plus jazz car Alice joue du piano, seul le son du tamboura joué par Tulsi nous rappelle aux sonorités orientales, mais Pharoah lors de son solo s’inscrit bien dans un formidable espace dédié, à la croisée des musiques, entre la musique de John, celle de l’Orient et d’un ailleurs mystique et rêvé.


« Isis and Osiris » est la pièce la plus longue, elle a été enregistrée en juillet et comprend Charlie Haden à la basse ainsi que Visnu Wood à l’oud, Alice a retrouvé sa harpe et Pharoah son soprano. La pièce s’étire assez longuement et laisse percer un sentiment d’improvisation, d’une ligne de conduite moins ferme et plus libre où chacun trouve sa place, elle est jouée en public et les applaudissements qui la concluent nous ramène gentiment dans la réalité, un instant dépassé.


S’il y a un album qui mérite de figurer dans la catégorie spiritual musique c’est bien celui-ci, il se nourrit de musique spirituelle et réussit à calmer nos chagrins et nos peines, par les seules vertus qu’il contient, ce qui est déjà beaucoup !

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le 13 nov. 2022

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