ICP Orchestra – Jubilee Varia (1999)
A nouveau l’ICP Orchestra mais enregistré live à la « Rote Fabrik » de Zürich, le six novembre quatre-vingt-dix-sept, et paru deux années plus tard sur le label suisse « Hat Hut », sous la forme d’un Cd, réédité en deux mille dix, car il existe une demande spécifique pour cet album, au vu du contenu particulièrement alléchant.
Le personnel a très peu varié par rapport à l’album enregistré au Bimhuis d’Amsterdam en deux mille huit, le seul changement concerne Ernst Reijseger qui tient le violoncelle, avec talent, en compagnie du remarquable Tristan Honsinger. Lorsqu’Ernst laissera la place, c’est la violoniste Mary Oliver qui le remplacera dès l’album suivant.
La stabilité des musiciens à l’intérieur de la formation est remarquable, c’est particulièrement lié au plaisir de jouer ensemble, ce qui n’empêche pas chacun de jouer ou d’enregistrer par ailleurs, mais lorsque l’heure du rassemblement arrive, tout ce petit monde fait le nécessaire pour se réunir, répéter joyeusement et enregistrer quelques pépites comme cet album-ci.
Alors du free oui, mais tout en conservant un certain confort d’écoute pour l’auditeur, qui jamais ne sera perdu ou agressé. Par contre, ici ou là, on trouve des traces d’humour ou de décalage, on joue sérieusement, mais sans trop se prendre au sérieux. Il y a ici quelque chose de distingué et d’exquis. On pense par exemple au troisième et dernier mouvement de la « Jubilee Varia » suite, cette dernière nous tient en haleine pendant vingt-huit minutes vraiment délicieuses.
La pièce suivante est également une suite, « Jealousy » signée par Misha Mengelberg, composée de deux parties, la première « A bit Nervous Jealous ? Me ? » se place sous le signe des cordes et du néo-classicisme, le temps de quelques minutes, « Next Subject » la seconde partie est plus enlevée et même tonitruante avec l’excellent Wolter Wierbos au trombone qui nous offre un solo extrêmement roboratif.
« Rollo I » qui conclut l’album en est une étape majeure qui nous renvoie d’une certaine façon au mythique « Liberation Music orchestra » de Charlie Haden, par sa couleur ibérique, avec le trompettiste Thomas Heberer dans un magnifique numéro, du grand art, vraiment !
Un album qui s’écoute et surtout se réécoute, offrant des subtilités et des découvertes au fil du temps, car rien n’est simple au royaume de l’ICP, même les airs si basiques et mémorables, qu’ils donnent envie de les siffler…