Ses albums, Christophe Maé semble les concevoir comme autant de cartes postales envoyées au gré de ses périples géographiques et musicaux. Après avoir frôlé les côtes africaines et posé ses baskets dans les quartiers ravagés de la Nouvelle-Orléans, le chanteur-baroudeur trace très logiquement sa route vers l’ouest. Comme Julien Clerc avant lui, direction la Californie et, en chemin, les terres brûlées des déserts américains.


Résultat, les cuivres pétaradants de l’album précédant s’effacent au profit d’une guitare ensoleillée qui n’est pas sans rappeler le Maé des débuts. Ça sent la plage, les feux de camps, le crépuscule et les potes. Le sentiment d’être à la maison. Les fans ne risquent donc pas d’en perdre la boussole mais trouveront dans cet opus ce qu’il faut de titres Maé-jusqu’à-la-moelle : « Les amis », qui s’écoutera moins bien en hiver, « L’Attrape-rêves » ou « Marcel », qui succède à « Charly » dans le rôle de l’incontournable ballade geignarde.


Mais tout comme il y a trois ans, ces figures imposées plus ou moins plaisantes sont contrebalancées par des tentatives un peu moins convenues. Ce sont elles qui infusent son identité au disque. Christophe Maé, à l’aise, joue. Avec sa voix, surtout. Plus que jamais, les mots ne sont qu’un agrégat de syllabes avec lesquelles il jongle, s’autoproclamant « khalife en Californie » auprès de « Pamela qui se pâment » (« Californie ») ou « cowboy boycotté » dans « La vallée des larmes », étrange titre mêlant lexique indien et métaphores salaces, très inhabituelles chez monsieur Maé.
Le chanteur l’affirme : pour la première fois, son travail fut concentré sur les textes, cosignés avec Paul Ecole (Calogero). Ça se sent. On est loin d’un « Ça fait mal », même si on n’évite pas l’écueil de du cliché sur « La Parisienne » ou la jolie « Lampedusa », au sujet de la crise des migrants. Mais qu’importe : si le propos est naïf, il est indéniablement sincère. Maé nous parle de ses amis et ses amours, de ce qui l’émeut et l’emmerde avec application et générosité. On attend avec grande impatience le rendu sur scène.


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CLaze
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le 19 mai 2016

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