Merveilleuse version d'une musique tout aussi merveilleuse!

Si François a plus de compétition dans Chopin ou Debussy, dans le répertoire de Ravel il règne en maitre. Il n'y a qu'une seule version que j'aime autant de ces œuvres et c'est celle de Walter Gieseking. Deux versions complémentaires pourrait-on dire, deux versions d'un autre temps sans doute, mais deux versions qui font une profonde justice à la poésie de la musique de Ravel. François a ce sentimentalisme romantique, cette pompe ample et exubérante, Gieseking cette rigueur et surtout cette énergie incroyable qui font sa marque. Je ne veux pas avoir à départager ces deux interprétations magiques: sur certains morceaux mon cœur balance peut-être plus pour l'un que pour l'autre, à un moment l'audacieux jeu de pédale Gieseking apporte une émotion inédite au prélude de tombeau de Couperin, parfois le souffle mélodique de François transcende la mièvrerie de la pavane pour une infante défunte. Affaire de circonstances, parfois même d'humeur...

Il est à noter que les enregistrements de François ont eu droit à des remasterisations de qualité, ce qui n'est pas toujours le cas pour les enregistrements, plus anciens, de Gieseking, qui sont parfois parasités par le souffle fort important du mono d'origine.