Après la résurrection, la renaissance même, de Killing Joke en 1990 avec l'immense Extremities, le groupe capitalise un peu sur ce retour pour sortir sa première véritable compilation. Première bonne surprise : "Turn to Red", issu du premier EP dub rock sorti en 1979, et "Pssyche", issu de l'EP live Ha!, ouvrent le disque, et tant mieux car lesdits EP ne sont pas simples à dénicher. "Pssyche" est une sorte de proto-"The Wait" au riff complètement décoiffant et figure parmi les morceaux les plus mythiques du groupe anglais.
La sélection des morceaux est franchement bien fichue, les présentant de manière chronologique en insistant bien sur les trois premiers albums, dont sont issus neuf titres. On a bien sûr les classiques "Requiem" et "Wardance", ainsi que "Follow the Leaders" et le duo "Unspeakable" / "Butcher", de loin le meilleur du deuxième album What's THIS for...!. "Exit" en revanche est un titre plutôt quelconque dont on se serait bien passé. Bon, ça fait quand même quatre titres issus de ce second album, soit la moitié, c'est peut-être un peu trop... Débarque ensuite l'immense et menaçant "The Hum", un des tous meilleurs titres de KJ, plutôt lent et mystique, suivi de deux des morceaux les plus efficaces de Revelations.
"Sun Goes Down" est le meilleur morceau de l'EP Birds of a Feather, donc tant mieux, mais dommage qu'on passe ensuite directement à l'album Night Time en oubliant le quatrième Fire Dances, même s'il s'agit d'un de ceux que j'aime le moins. On retrouve donc les tubes "Eighties" et "Love Like Blood", et l'on remplace avantageusement l'autre single "Kings and Queens" par un des meilleurs morceaux de l'album, le superbe et nocturne "Darkness Before Dawn".
De Brighter than a Thousand Suns, la compile ne retient que "Wintergardens", proposé dans un mix un peu différent. Pas grave, car il s'agit de loin du meilleur morceau et encore une fois, d'un des meilleurs du groupe. Personne ne se plaindra ensuite que l'album Outside the Gate soit oublié, car l'album se termine sur "Age of Greed", issu d'Extremities. Alors là, le groupe parait complètement transformé, et c'est d'ailleurs le cas. Un brûlot d'une noirceur étouffante mais complètement sauvage, qui termine cette sélection indubitablement sombre.
On a ici une très bonne introduction à Killing Joke même s'il faut du courage pour s'enfiler ces 79 minutes et que, même si la quasi-totalité des morceaux sont plus qu'excellents, certains choix de sélection peuvent paraître discutable. L'album offre un bon tour de vue de la première décennie du groupe, mais est loin de le faire de manière équilibrée. Pour ça, il vaut mieux aller voir le premier disque de The Singles Collection 1979-2012.