Les cinq saisons
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Les cinq saisons

Album de Harmonium (1975)

En 2014, au Québec, je suis tombé sur ce disque. Ou plutôt il m'est tombé dessus sans que je ne m'y attende vraiment et comme dit l'autre, ça a fait ch'boum là-dedans.


Si on avait besoin d'une cinquième saison d'Harmonium.


Ce n'était évidemment pas innocent parce que d'une part, j'en avais entendu parler et en plus que bien il faut dire; d'autre part, je cherchais quelque chose de typiquement québecois lors de mon séjour. J'en ai trouvé d'ailleurs mais de toutes ces découvertes musicales, le disque d'Harmonium est celui qui m'a le plus soufflé.


Ecartons quelques idées préconçues et pas forcément fausses d'emblée. A qui s'adresse ce disque ? A tous, pour peu que vous aimiez un folk mélodieux croisé à un rock progressif qui mise plus sur l'aspect mélodique que technique. Si l'accent québecois ne vous rebute pas ou ne vous fait pas rire, c'est encore mieux. Enfin la poésie lyrique des textes, parfois volontairement naïf --on a parfois relevé des aspirations souverainistes (on est en 1975) sur Depuis l'automne. Rien de mieux que des paroles en apparence simple pour faire passer un message--, si elle ne vous rebute pas, vous fera plus qu'apprécier ce disque.


Cinq chansons, 4 parlées correspondant aux quatre saisons, 1 instrumentale qui fait figure de cinquième saison, imaginaire. Je vous arrête tout de suite, on est pas non plus dans le concept-album, terme souvent limité aux disques de rock qui n'ont pas toujours livré des oeuvres exemptes de tous défauts. Cela dit pour leurs défense, il y a des album-concepts qui se révèlent sacrément passionnant. Même si j'ai du mal à m'avaler Tommy des Who en entier (curieusement le film passe mieux je trouve) ou alors si je suis dans un état sacrément "autre", il y a quand même des fulgurances qui me laissent baba. Des disques comme Animals des Pink Floyd ou The lamb lies down on Broadway de Genesis, me mettent encore K.O et admiratif aujourd'hui encore. Que voulez-vous, quand on grandit avec le prog on oublie pas ses premières amours.


Ici le concept album tient en fait du jeu. Serge Fiori (rien à voir avec Patrick hein), Michel Normandeau et les autres musiciens livrent une musique qui, certes, peut correspondre aux sentiments inspirés par chaque saison (les saisons de Montréal surtout), mais c'est avant tout une musique entraînante, fascinante, douce, ensoleillée même, parfois triste, toujours riche à chaque écoute. Et chose surprenante qui mérite d'être soulignée, il n'y a pas de batterie ni de percussion, rendant l'ensemble des plus accoustiques et intimistes, le rythme étant en quelque sorte formulé par la basse.


Du coup, comment décrire ce folk-rock un brin prog (deux morceaux longs, Depuis l'automne avoisinant les 10 mn et Histoire sans paroles qui lui, instrumental, fait 17 mn) si ce n'est qu'en disant qu'on a affaire là à quelque chose qui mêle chanson française des années 70 avec la mélodicité d'un David Crosby ? C'est un peu caricatural je vous l'accorde, aussi rien ne vaut d'écouter les chansons avec un petit tour d'horizon...


° Vert ouvre le disque. Avec sa progression tranquille, il symbolise le printemps.
° Dixie ensuite correspond à la chaleur de l'été. Et ce titre l'est, chaleureux, assurément. Référence au dixieland où ici, l'énergie typiquement jazz apporte une belle surprise. Ma préférée de l'album avec celle qui suit.
° Depuis l'automne... Bon là, c'est évident. Un titre avec un refrain noble, mélancolique et toujours revenant comme les feuilles mortes qui à chaque fois tombent et traversent le décor, portées par le vent.
° En pleine face. L'hiver. Un titre donc en voie de glaciation qui ne se réveillera que tardivement. Un beau morceau cela dit à ne pas négliger.
° Enfin, Histoire sans paroles, alias la fameuse cinquième saison. Morceau instrumental surprenant (bien avant Radiohead, on à déjà là l'utilisation des ondes martenot pour créer un fond ambiant) plein de sonorités diverses. Une pièce de résistance assez longue donc qui, curieusement, m'emporte moins que le reste du disque. Mais ça reste d'une vraie beauté.


On pourra se gausser de la poésie du groupe mais force est de constater encore aujourd'hui que la magie demeure et que le disque reste un véritable enchantement.

Nio_Lynes
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le 31 janv. 2018

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Nio_Lynes

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