Inspection de l'inspecteur

Troisième album studio au nom de Disiz La Peste, Les histoires extraordinaires d'un jeune de banlieue sort en 2005, soit deux ans après le répréhensible Jeu de Société dont Disiz n'hésitera pas de qualifier de «balle perdue». Véritable album concept ayant obtenu une Victoire de la Musique, le rappeur livre ici un disque qui, comme son nom l'indique, est composé exclusivement de petites histoires.

Exercice difficile et audacieux mené par un Disiz, ayant gagné en flow, s'accordant toujours mieux avec l'instru'. Le résultat se révèle assez inégal. Outre l'intro en guise d'hommage au public, aussi mignon qu'inutile, et le premier son autobiographique Une histoire extraordinaire fort sympathique, on peut dire que l'album se compose de deux types d'histoires avec quelques morceaux plus conventionnels assimilables à de funs interludes.

Premièrement, nous avons des morceaux très poussés scénaristiquement. Or, une chanson ne durant ici qu'environ quatre minutes avec refrain, la majorité subissent le poids de leur scénario trop poussé. Par exemple, le morceau Lyly, bien qu'il soit intéressant, il n'en demeure pas moins non-crédible et gênant par sa rapidité et son final gnan-gnan. Même chose pour le morceau inspiré de True Romance, Mélissa, qui souffre également d'un traitement trop superficiel.

Dans un second temps, il y a les histoires avec une trame plus légère, moins scénarisées mais plus agréables et mélodieux. Ce sont les morceaux Jeune de Banlieue, Inspecteur Disiz, Juste kiffer mais surtout La fille facile et Miss désillusion qui rehaussent le niveau par la mise en avant de la musicalité plutôt que du récit.

Alors que Disiz cherchait au début la cohérence du récit en dépit du crédit de la chanson, pour les autres sons, il se prend moins la tête pour raconter quelque chose de concis, et finalement la qualité des rimes et du texte est bien plus élevée.

Entre tout ça, il y a des morceaux rigolos comme MC Pickachou ou Bo gosse, qui permettent de faire une sorte de pause bien sentie et divertissante, mais toujours dans l'idée d'histoires.

En définitive, ce troisième album est par chance hétérogène avec des morceaux ayant leurs propres qualités et défauts, mais la qualité est permanente grâce à la constance de Disiz et son flow convenable. En bref, Les histoires extraordinaires d'un jeune de banlieue est un bon album sans être pour autant incroyable, qu'est également précurseur du tournant que l'artiste va prendre et marquer après Disiz the end. Mais ça, c'est une autre histoire.