ICP Orchestra – Live At The Bimhuis (2009)
L’ICP, dont les initiales signifient « Instant Composers' Pool » a connu plusieurs étapes pendant sa longue vie qui se perpétue encore aujourd’hui. Au tout début, en mille neuf cent soixante-sept, la formation a été créée par Willem Breuker aux saxos, Misha Mengelberg au piano et Han Bennink à la batterie, un simple trio donc. En soixante-quatorze Breuker est parti former son groupe, l’ICP s’est alors étoffé de nombreux nouveaux membres, souvent hollandais, et l’ « ICP Orchestra » n’est que l’une des formations, plutôt stable, qui gravite autour de l’ICP.
Elle est formée de musiciens de premier ordre avec ses deux leaders historiques, Misha Mengelberg et Han Bennink, ils sont l’âme et l’esprit du Pool, Michael Moore joue de l’alto et de la clarinette, Ab Baars et Tobias Delius du saxo ténor et de la clarinette également, Wolter Wierbos du trombone et Thomas Heberer de la trompette, Mary Oliver joue du violon, Tristan Honsinger du violoncelle et Ernst Glerum de la basse. Dix au total, tous improvisateurs incroyables, alors on peut vraiment parler de free jazz ici.
Ils sont ici en live au Bimhuis d’Amsterdam, le huit mai deux mille huit, c’est-à-dire à la maison, dans les meilleures conditions, c’est en public qu’ils sont les plus imprévisibles et les plus incroyables. Il en aura fallu des années à jouer ensemble, pour se connaître et improviser avec une telle maestria, se devinant et s’anticipant instinctivement, sans jamais jouer tout à fait la même chose, car si le point de départ est connu, le point d’arrivée est mystérieux !
Neuf pièces sont jouées, la première, « Jacky-Ing » est de Thelonious Monk, la dernière « Change Of Season » d’Herbie Nichols, les deux pièces sont arrangées par Misha Mengelberg qui signe également quatre autres pièces. Ab Baars lui rend hommage sur « Misha, Pass The Donkey », faut bien sourire un peu, et puis il y a deux pièces improvisées, « Met » et « Op Naar De Mooche », il y a de quoi faire…
On distingue quelques pièces ou passages autour des cordes, basse, violon, violoncelle, accompagnées par la batterie, comme sur « Jaloers ? Ik ? » ce qui donne des couleurs multiples à la musique, il est vrai qu’ici rien n’est fermé et tout est possible, c’est la loi du genre. Pour autant on n’oublie rien des classiques et des bases, passages bluesy, références bop, tout y passe, la multiplicité des couleurs musicales font partie du menu, tout comme les références contemporaines ou le free débridé.
Il faudrait parler de chacun mais Han Bennink est véritablement exceptionnel à la batterie, c’est un type tout simplement incroyable, acceptant de jouer aux côtés d’amateurs, ou quittant sa batterie pour faire des solos en tapant le plancher, ou sur ce qui se trouve dans son environnement proche, tout en conservant le « groove ». Il y a évidemment Misha, un véritable surdoué qui a su tisser des liens avec chacun, bref un groupe d’exception, ici à son meilleur !