Steve Coleman And Five Elements – Live At The Village Vanguard, Vol. I (The Embedded Sets) – (2018)
Il y a bien longtemps, je vous avais présenté le second volume de ce concert contenu dans le double Cd « Steve Coleman And Five Elements – Live At The Village Vanguard Volume II », je vous avais dit tout le bien que je pensais de cet album. Depuis, pas mal de temps s’est écoulé sans que je ne vous présente le volume un, pourtant réputé meilleur encore, un double Cd également.
Les albums contenant ce titre « Live At The Village Vanguard » sont d’emblée au rendez-vous de l’histoire, la faute à deux albums pour moi iconiques, tout d’abord celui de mille neuf cent cinquante-sept, « A Night at The Village Vanguard » de Sonny Rollins, un chef d’œuvre que l’on peut enrichir avec l’incontournable « More From The Vanguard » de soixante-quinze.
Et puis, d’évidence, il y a également deux autres historiques, cette fois-ci de John Coltrane, « Live At The Village Vanguard » de soixante-deux, complété par l’incroyable « Live At The Village Vanguard Again! » de soixante-six !
Avec de tels référents, et sans creuser davantage, on comprend le challenge de Steve Coleman, dont on remarque que lui ne joue pas du ténor, mais de l’alto. Cette différence plaidera en sa faveur en effaçant un critère de comparaison. On sait l’alto plus fluide, plus rapide ou tout du moins plus véloce, même si, évidemment il ne possède pas la puissance grondante du ténor.
Même si Steve Coleman n’a pas la stature de ses deux aînés, il est plaisant de le voir associé, par le poids des lieux, à ces deux monstres sacrés. Il se débrouille plutôt bien même, peut-être est-il galvanisé par l’idée d’ainsi passer dans les pas de deux géants, foulant le même plancher et partageant la même scène !
Steve est bien entouré, Jonathan Finlayson à la trompette, Miles Okazaki à la guitare, Anthony Tidd à la basse et Sean Rickman à la batterie, les voilà unis à cinq pour entrer dans la légende ! Après avoir fait autrefois quelques tours dans ces lieux mythiques, voilà Steve « And Five Elements » invités à s’y installer avec plus de régularité, à partir de deux mille-quinze, et sur un temps long, forcément, il ne peut résister longtemps au désir de vouloir inscrire son groupe dans cette grande lignée d’artistes qui ont pu enregistrer en ces lieux.
Déjà, côté compos, c’est tout formidable et Steve signe quasiment tout, des titres forts et très inspirés, qui s’alignent bien, avec une forte identité, du post bop classieux qui déboîte et dévale les pentes à grande vitesse, Finlayson est également un bon interlocuteur qui assure divinement bien, jamais ça ne lâche pied et Rickman relance avec ténacité, toujours sur le pont, battant comme un guerrier !
L’autre qui régale c’est Okasaki à la guitare qui s’inscrit parfaitement dans le projet collectif et lui offre de superbes développements, toutes les couleurs, y compris celle de la grosse basse, parfois funky, participent au plaisir partagé, car d’évidence ils sont tous connectés et de mèche pour allumer ce brasier incandescent.
C’est certain, « Steve Coleman and Five Elements » ont bien laissé leur empreinte, ces soirées-là, au Village Vanguard !