Après Songs for the Deaf, album de haute volée, les Queens of the Stone Age, ayant perdu Nick Oliveri proposent ce que Josh Homme appellera le « plus mauvais album » du groupe.
Homme a raison. Entendons-nous bien : cet album n'est pas mauvais, mais il est une déception du point de vue objectif. En effet, alors que Queens of the Stone Age ne cessait d'avancer et d'évoluer, alors qu'ils avaient proposés un disque génial, les voilà qu'ils refont une suite à Songs for the Deaf. Echec dans le processus créatif. Ainsi, même si les titres sont bons et l'album agréable, il n'y a pas ce renouveau total que Homme était en droit de proposer. Paradoxe hommien : un album de qualité est un album mauvais.


Car oui, la qualité est au rendez-vous. Le départ d'Oliveri (son renvoi) se fait sentir et est douloureux, le génial duo Oliveri/Homme ayant réalisé avec Songs for the Deaf une performance digne de Lennon/McCartney.
Le côté « Songs for the Deaf 2 » se fait d'autant plus sentir que le premier morceau réel et assumé, Medication, est celui qui, justement, sonne le plus comme un réchauffé de la recette qui avait marché. Recette qui est même simplifiée pour ce titre malheureusement. Heureusement, il reste plaisant et propose surtout un enchaînement parfait avec Everybody know that you're insane. Les deux titres, sympathique et bons, deviennent excellent en proposant presque un seul ensemble de haute qualité. La sauce prend et on adore.
Il faut dire que This Lullaby qui ouvrait l'album était aussi inquiétant que, bizarrement, dansant. Cette bipolarité se retrouve dans beaucoup de très bonnes pistes du disque. On se rappellera du sensuel The Blood is Love à ce titre.


Globalement c'est le début du disque qui est très forte et séduisante, pratiquement sans pause dans la qualité avec le début, que j'ai déjà évoqué, suivi d'un Tangled up in Plaid qui, marque déjà une petite baisse. Baisse qui ne dure pas puisque c'est l'excellent Burn the Witch qui suit, l'une des meilleures pistes de l'album. On a ensuite le droit à In my Head qui rappelle beaucoup trop Songs for the Deaf pour être pleinement réussite, bien que demeurant un bon morceau. Little Sister remet les pendules à l'heure avec un autre temps fort du disque.
I never came ne parvient pas à user de toutes ses subtilités pour séduire l'auditeur, des arrangements différents auraient été appréciable je pense, sur le refrain, pour éclore tout son talent. Someone's in the Wolf fait parti de ces morceaux sombres qui rappellent la noirceur du groupe, notamment avec sa fin très réussie et évoquant beaucoup de choses. Après le très bon Blood is love c'est Skin on Skin qui amène sensualité et noirceur.
Surprenant par son aspect rock Broken Box est une belle surprise qui, justement, donne beaucoup de vie à l'album. You've got a Killer Scene there, Man est là aussi dans la noirceur totale qui emprisonne petit à petit l'auditeur pour son plus grand plaisir. Long Slow Goodbye est d'autant plus réussie par sa fin que par le morceau en lui-même, un bel achèvement pour l'album. Like a Drug, bien que différente et, en cela, amusante, aurait gagné à ne pas être une piste bonus tant elle gâche l'effet de fin de Long Slow Goodbye.


C'est donc un album avec un côté rock péchu, de la sensualité puis de la noirceur, qui se dévoile petit à petit, que Queens of the Stone Age propose ici. Un album de qualité, indéniablement, avec vraiment beaucoup de belles pistes, mais qui est encore trop marqué par l'influence de son illustre prédécesseur et a du mal à s'en débarrasser. Aucun titre n'est mauvais, mais cela ne suffit pas à atteindre la perfection, Homme l'a compris : Queens of the Stone Age n'ait pas parvenu à ce surpasser pour ce disque et c'est bien là le problème.

mavhoc
7
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le 9 juil. 2016

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