Erik Truffaz With Manu Codjia, Michel Benita, Philippe Garcia – Mantis – (2001)
Voici à nouveau notre trompettiste suisse, toujours sur le label Blue Note, mais en nouvelle compagnie, Manu Codjia à la guitare, Michel Benita à la basse et Philippe Garcia à la batterie. Un très beau quartet réuni autour d’une musique qui mélange à la fois les effets aériens, éthérés, avec une rythmique riche et maline, basse et batterie jouant un jeu subtil capable d’accélérations soudaines et de d’une belle densité, comme sur le magnifique titre « Saisir ».
Au fil des pièces quelques invités apportent leur couleur, comme Anouar Brahem qui joue de l’oud sur « Nina Valeria » en apportant dans sa besace les charmes de l’orient, il dialogue avec Truffaz et sa trompette. Les deux apportent le cachet « musique du monde » à cet enregistrement.
Un peu plus loin l’effet est largement confirmé, avec le titre « Magrouni » ou le chanteur tunisien Mounir Trudi enflamme l’atmosphère, avec sa voix très en phase avec la danse et le déracinement, si on se place côté suisse. Nous sommes, d’un coup, plongés dans un autre univers…
Ce titre est d’ailleurs repris à la fin de l’album, dans le cadre d’une chanson « cachée », alors à la mode, pour peu qu’on laisse filer le Cd quelques minutes, à ne pas rater car cette version instrumentale est plutôt carrément chouette. Il y a une autre surprise sur le titre six, « Parlophone » où s’entend un mégaphone alors que Philippe Garcia joue également de sa batterie et rythme avec le son de sa voix…
On le devine cet album est une sorte de « Patchwork » aux différentes facettes, le morceau titre qui se repose sur une sorte de drum ’n bass n’est pas mal non plus dans le genre, il a le temps pour lui et chaloupe ou hoquette, Manu Codjia en profite pour délivrer un beau solo de guitare qui fait plaisir.
Il prend la guitare acoustique sur la pièce « Yasmina » où il joue en duo avec Erik, la pièce s’arrête en Espagne sans franchir la mer Méditerranée, délicatesse et dentelle lors d’envolées lyriques, en une jolie ballade. Beau solo de Truffaz sur le bref titre de transition « Mare Mosso, qui nous emmène vers la dernière pièce de l’album, Tahun Bahu qui ouvre les portes de la fameuse chanson cachée…
J’en termine avec les deux premières pièces, de factures moins originales mais fort belles, « The Point » et « La mémoire du silence », l’album est donc assez long, largement plus de cinquante minutes, avec d’excellents musiciens, on peut y piocher selon son humeur, un peu dans tous les sens, pour picorer ou se gaver selon l’humeur…