Après un premier titre éponyme qui me laissa perplexe (disons qu'il m'a d'abord surpris et m'a un peu eu à l'usure), voilà que je me mis à crever d'impatience. C'est ainsi que j'écumais le web à la recherche de la nouvelle Sainte Relique de notre Damien XVI, ne craignant pas les virus, déterminé comme jamais à être touché par la Grâce un jour avant le commun des mortels. Le destin joua en ma faveur, mes prières furent exaucées. J'ai eu l'honneur, en avant-première, de goûter à la parole divine (je sais, le téléchargement c'est mal et blablabla, promis j'achète le CD demain). C'est ainsi que je viens répandre la bonne nouvelle...
Damien Saez est bien ressuscité une fois de plus. Increvable Messie, il nous martèle d'un message toujours plus engagé, toujours plus incisif.
Messina l'avait prédit, la musique de Saez s'est complexifiée. Miami est un J'accuse qui gagne en subtilité. Une musique moins directe, des petites innovations mais un esprit contestataire toujours omniprésent.
On retrouve par moment le côté violemment dépressif propre aux anciens albums, mais je crois que je m'y suis fait et que j'apprécie même ce mélange tout à fait passionné de rage et de tristesse qui rythme l'album tout du long.
Pour le message, le sujet commence à être connu, mais Saez arrive fort heureusement à se diversifier, à toujours pointer du doigt quelque chose de différent, une pierre de cet immense édifice qu'est la société de consommation. La religion vient mettre cette fois-ci son nez dans le problème. Quelle drôle d'époque où l'on sacrifie de l'humain sur l'autel du Dieu consommation, où l'on vend du corps sans âme, et où, de l'autre côté, l'on se tourne vers le religieux, le spirituel ! Quel paradoxe ! La pochette de l'album, plus qu'une simple provocation, prend du coup tout son sens.
Que de bons morceaux ! Que j'aime ce débit de paroles, que j'aime cette voix si spéciale et ses intonation ! Qu'il est bon de la retrouver dans un vent de fraîcheur ! Les paroles sont toujours aussi exquises, envoûtantes...
"Pour y voir", belle intro, martelage de paroles sublime. Ca commence fort.
"Les Infidèles", conforme aux premiers morceaux des Echoués de Messina, rapide, punk-rock à souhait, entêtant, efficace, une claque.
"Rochechouart", étrange, un peu electro pop avec cette voix increvable, pas mon coup de coeur absolu, mais ça le fait franchement ! edit du 22/03 : à force de l'écouter, c'est devenu mon coup de coeur finalement !
"Miami", bizarre, comme je l'ai dit plus haut, ce morceau m'a eu à l'usure.
"Le Roi", des mélodies étranges et inquiétantes, un certain suspense avant des guitares qui éclatent avec fureur, pas mal dans le genre.
"Des drogues", intro en anglais moyenne, puis vient par magie un bon riff de guitare bien incisif, par moment couplé à un clavier sur lesquels vient se poser une voix déterminée pour un effet des plus sympathiques.
"Cadillac noire" avec la Wah-wah qui nous rappelle Hendrix, délicieux ! Excellent !
"Rottweiler", une ballade acoustique, sympa oui, mais pas le morceau le plus marquant pour moi.
"No more", bizarre d'entendre Saez en anglais (c'était le cas pour Yellow tricycle pourtant), franchement l'accent ce n'est pas trop ça, mais à force de l'écouter je pense que je n'y ferai plus attention et que j'apprécierai toujours plus. Il retrouve d'ailleurs au début du morceau sa petite voix geignarde qu'il aimait sur-utiliser à l'époque.
"Que sont-elles devenues ?" Un morceau acoustique qui commence en douceur et qui s'achève en beauté par un "J'ai le blues" qui vient ponctuer 47 minutes d'étonnement (au sens presque étymologique du mot)
Cet album va tourner en boucle ces prochains jours (d'autant plus que je vois l'Artiste le 23 mars, impatience quand tu nous tiens). Pas le meilleur Saez (ça ne surpasse hélas pas la bombe Messina), mais le niveau est toujours bien élevé ! Notre artiste sait encore comment nous surprendre, comment nous toucher, comment dénoncer avec justesse sans pour autant s’essouffler et radoter le même prêchi-prêcha. Et ça, ça fait plaisir !