Migration of Silence Into and Out of the Tone World par xeres

William Parker - Migration of Silence Into and Out of the Tone World (2020)


Parmi les sorties de deux mille vingt et un, il en est une qui est exceptionnelle, elle concerne le contrebassiste et compositeur William Parker. Il a connu ces toutes dernières années une période de créativité tout à fait extraordinaire, en très peu de temps, de novembre 2018 à janvier 2020, il a pu écrire de quoi enregistrer les dix Cds qui composent le coffret « Migrations Of Silence Into And Out Of The Tone World ».


Jusqu’alors seul John Zorn pouvait atteindre un tel niveau de créativité sans fléchir en qualité, diversité ou originalité. Il faudra ajouter William Parker qui nous offre ici un coffret d’une richesse inouïe. Bien qu’il soit un contrebassiste extrêmement réputé, il ne joue pas nécessairement de son instrument favori ici, car, tout comme pour John Zorn, c’est le compositeur qui est ici mis en avant.


Pour mettre un peu d’ordre dans cette déferlante musicale, remarquons quelques lignes de force. La première serait sans doute la place très importante faite au chant et à la voix, souvent féminine, beaucoup de chansons et d’interprètes ici. Elles sont sept qui se succèdent. Je ne fais pas la liste car beaucoup me semblent peu connues, bien que chacune soit une interprète émérite.


Chaque album porte un nom qui le singularise, par exemple le Cd n° sept se nomme « Afternoon Poem », il est constitué du seul chant de Lisa Sokolov. Sur le troisième Cd « The Majesty of Jah » on entend Ellen Christi au chant, Jalalu-Kalvert Nelson à la trompette, William Parker à la basse, au donso gnoni et aux percussions ainsi que des invités sur un titre, dont Hamid Drake souvent présent ici.


On le comprend William ne se limite en rien dans les genres, il traverse blues, reggae, funk, bop, free et bien d’autres genres encore, comme le Cd huit, qui baigne dans l’amour du cinéma italien « Light In The Rain » dont chaque titre est le nom d’un réalisateur.


Le second volume est consacré au pianiste Eri Yamamoto qui joue quatorze compos de William, c’est très beau. Mais il existe ici une très grande diversité musicale qui s'exprime à l'intérieur de ce coffret, elle se signale par les nombreux instruments exotiques croisés ici, des flûtes et des percussions de toutes sortes, des références musicales à l'Afrique, à la World Music, en même temps qu'à l'éternelle "Great Black Music".


Mention spéciale à l’extraordinaire « Mexico », une apostrophe à Trump bien sentie, car cet album est aussi un voyage à travers les sons ou l’histoire, on pense à « Harlem Speaks » une autre étape encore.


Certainement l’une des sorties les plus importantes de cette année qui s’en va, dont je ne fais qu'effleurer la richesse et le diversité.

xeres
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le 15 juin 2023

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